Dimanche dernier, lorsque le feu vert s’est allumé au bout de la ligne droite des stands au Mans, les concurrents des prochaines 24h du Mans entamaient leur premier tour du circuit chargé de l’histoire de l’endurance, et débutaient donc l’ultime préparation à la grande classique d’Endurance. Si la journée tests (qui débutait jeudi 2 juin avec les vérifications techniques) est surtout une journée de travail pour toutes les équipes (deux séances d’essais libres de 4 heures), les performances permettent d’avoir un premier aperçu des forces en présences.
Sans surprise, les six meilleurs temps de la journée sont revenus au six LMP1 hybrides alignés par Audi, Porsche et Toyota, avec un écart de 2 secondes et demi entre les six prototypes LMP1.
C’est le brésilien Luca di Grassi (Audi n°8) qui allait réaliser le meilleur chrono de la journée en 3:21.375, démontrant les bonnes formes des Audi. Mais, il faut noter que le drapeau rouge fut abaissé lors de la dernière demi-heure, en raison de rails endommagés, et que tout le monde n’a pas forcément tenté un tour rapide avec des pneus neufs comme l’avouait Neel Jani :
Neel Jani : « La fin de séance prématurée fut un peu décevante, car j’aurais bien voulu connaître nos performances en pneus neufs, mais les conditions furent les mêmes pour tout le monde. »
Vainqueur lors de 13 des 16 dernières éditions, Audi Sport arrive avec une victoire cette saison aux dernières 6 heures de Spa, après s’être vu déposséder de la victoire à Silverstone suite aux vérifications techniques. Avec plus de 1800 kilomètres parcourus en cette journée, le constructeur Allemand peut se sentir bien armé, du moins en performance pure. Véritable force d’Audi ces dernières années, la fiabilité fait défaut au constructeur allemand en ce début de saison (abandon à Silverstone), ainsi que lors de la journée test où la numéro 7 de Marcel Fässler fut immobilisée deux heures en raison du changement d’un amortisseur.
Deuxième et troisième (à moins d’une seconde) au classement de cette journée, les deux Porsche 919 Hybrid seront candidates à une nouvelle victoire dans la Sarthe après celle glanée en 2015. A Spa-Francorchamps, les 919 se sont montré fébrile en fiabilité. Si les problèmes de la numéro 1 furent liés à une crevaison qui allait endommager la boite de vitesse, la numéro 2, de Neel Jani, allait connaître des problèmes au niveau du système hybride, ce dernier n’offrant qu’une partie de ses capacités. Aussi, le constructeur de Weissach est revenu en arrière, et adoptera pour Le Mans des batteries qui seront à mi-chemin entre celle utilisées l’an passé et celles du début de saison afin de ne pas connaître le même souci que dans les Ardennes. Après avoir bouclés un nombre important de kilomètres en essais privés, Porsche semble donc très fort avant le rendez-vous de l’année.
Comme l’année passée, ce sont les deux Toyota qui ferment la marche en LMP1-H. Mais, contrairement aux TS040 en 2015, les TS050 sont dans le rythme de leurs adversaires en pointant, au terme de la journée, à 1,8 secondes et 2,3 secondes du meilleur temps, sans avoir cherché à faire un tour rapide, améliorant de 2,5 secondes le meilleur chrono enregistré l’an passé par les voitures Japonaises, tout en effectuant plus de 2400km de roulage, ce qui fut une journée positive pour Sébastien Buemi :
Sébastien Buemi : « Nous avons couvert de nombreux tours et ce fut donc une journée très intéressante. Maintenant, nous devons analyser es données recueillies et voir les domaines où nous devons progresser avant la course. Nous voulons, toujours, être plus rapide et nous ne sommes, pas encore, là où nous le souhaiterions, mais c’est prometteur. La TS050 est vraiment bien ici, et j’ai hâte d’en prendre le volant durant la semaine de course. »
Néanmoins, la fiabilité sera une inconnue pour Toyota. Après une course de Silverstone sans encombre, les 6 heures de Spa furent un désastre pour les TS050 avec des problèmes mécaniques qui allaient toucher les deux voitures… sur une distance quatre fois plus courte qu’au Mans. Si la performance, qui faisait défaut l’an passé, semble retrouvée, il va, maintenant, falloir retrouver la fiabilité, afin de cueillir une victoire qui a toujours échappée au constructeur Japonais.
Conséquence de ce début de saison chaotique en fiabilité, et ce chez les trois constructeurs, le résultat des prochaines 24 heures du Mans semble plus qu’incertain. Et, si avant le début de saison, personne n’aurait imaginé une victoire, autre que les trois grands constructeurs au Mans, les déboires des deux premiers rendez-vous, fait que certains seraient tenter par miser sur un privé.
En premier lieu, on retrouve le Rebellion Racing. Si, bien entendu, on s’interdit de penser à la victoire, à ce jour, au sein de l’équipe Suisse, les deux podiums, et la deuxième place au championnat, de l’équipage de la numéro 13, démontre que l’équipe Lausannoise pourrait jouer les trouble fêtes. Si en performance pure, cinq secondes et demi plus lente lors de la journée test, les Rebellion R-One ne pourront jouer avec les hybrides, une course sans faute pourrait offrir à l’équipe Suisse un résultat inattendu comme un podium. Mais, pour ce faire, il faudra suivre un rythme bien établi et courir à l’ancienne, comme au temps des lièvres, et surtout ne pas effectuer d’autres arrêts que les ravitaillements ce qui ne sera pas une mince affaire. Et, seulement dans ce cas, et au bénéfice de problèmes rencontrés au sein des constructeurs, le résultat pourrait être bien au-delà de celui escompté au départ.
Dernière voiture en LMP1, le ByKolles Racing Team a su évoluer en un an. Déjà, la CLM P1 fut en mesure de boucler 77 tours ce qui est proche des autres LMP1 et bien loin des 26 de l’an passée. Et, avec un gain de plusieurs secondes par rapport aux qualifications de l’an passé, l’équipe battant pavillon Autrichien est désormais pressentie comme une réelle menace pour l’équipe Suisse. Néanmoins, avec une seul voiture qui plus est encore fragile, il semble difficile de pouvoir compter Simon Trummer et ses coéquipiers parmi les outsiders.
Outre le Rebellion Racing, qui semble le mieux armé parmi les outsiders derrière les trois prétendants, une surprise pourrait venir d’une LMP2. Si, pendant de nombreuses années, cette catégorie avait du mal à finir l’épreuve, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Et, au vu des concurrents engagés, dans la catégorie, et leur grand nombre, il est fort probable que l’une d’elle boucle les 24 heures sans n’avoir effectué aucun arrêt non prévue. Avec 15 secondes de rendue au meilleur chrono de Luca di Grassi (3:36.690 pour l’Oreca 05 de l’Eurasia Motorsport), il n’est pas concevable de placer l’une d’elle au rang de possible vainqueur. Mais, à Silverstone, et après seulement 6 heures de course, la Ligier du RGR Sport by Morand franchissait la ligne au cinquième rang. Mais, avant de viser un quelconque classement général, c’est, avant tout, la victoire de catégorie que viseront les 23 voitures au départ. Et, désigner un favori dans cette catégorie est impossible tant le plateau est impressionnant de qualité et surtout très homogène. Parmi les équipes les mieux armées, KCMG (vainqueur l’an passé) G-Drive Racing, RGR Sport by Morand, SMP Racing, Thiriet by TDS Racing, Extreme Speed Motorsport ou encore les deux équipes Alpine semblent favorites même si cette longue liste est non exhaustive et qu’une surprise pourrait subvenir des équipes non cités.
Une seule voiture au départ, et une à l’arrivée en tête de la catégorie, telle pourrait être le résumé du Corvette Racing l’an passé, qui avait dû déclarer le forfait d’une de ses voitures à l’issue des 
qualifications en raison d’un accident. Candidat à sa propre succession, l’équipe Américaine s’est pris une “assurance” cette année, en amenant une troisième voiture, exposée dans le village, châssis qui pourrait servir de voiture de réserve en cas de besoin. Avec un meilleur tour en 3:55.122, l’équipe Américaine est déjà très proche de la pole position de l’an passée et a clairement annoncé la couleur pour cette édition. Mais, avec les deux Porsche (la 91 de Patrick Pilet effectuant le deuxième chrono à 3 dixièmes du meilleur temps) qui allait s’immiscer entre les deux Américaines mais aussi les deux Ferrari AF Corse et la meilleur des Ford à moins d’une seconde, les écarts en GTE Pro sont très serrés. Dans le clan Italien, AF Corse engagera toujours ses deux voitures, mais Ferrari aura une autre carte en main avec le Risi Competizione qui effectuera son retour en Sarthe. Pour ses débuts en Sarthe, la nouvelle Ford GT a donc su marquer les esprits puisque Ryan Briscoe et Richard Westbrook (qui étaient au volant de #69) se classaient à moins d’une seconde du meilleur chrono en GTE Pro. Mais, si le chrono sur un tour est uen chose, il faudra encore maintenir le rythme sur toute l’épreuve ce qui sera plus difficile. Enfin, l’interrogation reste sur Aston-Martin. Classé à un peu plus d’une seconde (ce qui est faible au Mans) l’équipe anglaise a toujours su cacher son jeu et les performances affichés lors de la journée tests pourraient être loin de celles qui seront effectives lors de la longue semaine Mancelle.
Comme en GTE Pro, c’est une Corvette, celle de Larbre Competition, qui allait terminer en haut de la hiérarchie en GTE Am. Appelé de dernière minute, et finalement non titularisé (l’équipe ayant choisi Jean-Philippe Belloc), Nick Catsburg découvrait le circuit en signant, ni plus ni moins, que le meilleur temps de la catégorie de sa voiture. Derrière la GT américaine, on retrouvait les 458 d’AF Corse, de la Scuderia Corse et du Clearwater Racing. Comme dans la catégorie Pro, la première Aston Martin est un peu plus loin, pointant au sixième rang, juste devant la Porsche de KCMG , et pilotée par le Tessinois Joël Camathias, alors que la Vantage de Gary Hirsch terminait la journée en fermant la marche.
Les résultats de la journée test
Entre la journée test et le « Pesage » (nom donnée aux vérifications techniques dans le centre-ville du Mans) qui débutera dimanche prochain, Neel Jani, Marcel Fässler et Sébastien Buemi se sont retrouvé sur le circuit de Lignières pour un rendez-vous avec la presse qui est , désormais, devenu une tradition. Revivez cette journée, et les impressions des trois pilotes ici.
credit photo : Jean-Baptiste Lassaux/Sport-auto.ch
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