Au volant de sa Porsche 919 Hybrid numéro 14, Neel Jani a été le Suisse le plus rapide au terme des essais des 24 Heures du Mans. Il s’élancera ainsi depuis la première ligne au départ des 24 Heures du Mans.
Neel, on imagine que tu dois être particulièrement content en étant le meilleur suisse, qui plus est qualifié en première en ligne…
Neel Jani : Absolument! Avoir effectué le 2e meilleur temps absolu alors que nous n’en sommes qu’à notre première saison de compétition et que nous n’avons disputé jusqu’ici que deux courses est un magnifique résultat. Si c’est moi qui avais signé le meilleur chrono mercredi soir, c’est cette fois-ci Romain Dumas qui l’a signé. J’étais bien parti pour être à nouveau le plus rapide, mais je n’ai pas pu effectuer un tour libre. J’ai été crédité du meilleur temps absolu dans le premier secteur mais j’ai dû ensuite composer avec plusieurs drapeaux jaunes sur la fin. Notre but était de signer la pole position, mais partir en première ligne nous convient très bien aussi.
Sais-tu déjà qui prendra le départ?
Neel Jani : Ce sera moi. Les ingénieurs de Porsche m’ont d’ailleurs transmis à cet effet une feuille A4 avec toutes les consignes que je dois observer. Par exemple au niveau des batteries du système hybride ou de la manière dont je dois me comporter au niveau des dépassements pendant les quatre premiers tours.
En t’élançant depuis la première ligne, tu ne risques cependant pas d’effectuer beaucoup de dépassements?
Neel Jani : Ce n’est pas aussi simple que cela. Je peux par exemple avoir utilisé une bonne partie de l’énergie qui m’a été allouée par le nouveau règlement après avoir dépassé la Toyota de Wurz/Sarrazin/Nakajima qui s’est qualifiée en pole position et me faire ensuite dépasser à mon tour pour compenser le surcroît d’énergie engendré par le fait que j’ai peut-être trop attaqué la Toyota. La réglementation actuelle est relativement compliquée.
Cette réglementation engendre une technologie embarquée particulièrement complexe, non?
Neel Jani : Oui, la 919 Hybrid est la voiture de course la plus complexe qui ait été construite par Porsche. Cette complexité passe notamment par deux systèmes différents de récupération d’énergie. A l’arrière, nous avons un générateur d’électricité entraîné par le flux des gaz d’échappement et, à l’avant, nous avons un générateur supplémentaire. Celui-ci transforme l’énergie cinétique engendrée par le freinage en énergie électrique et la stocke dans des batteries ultramodernes jusqu’à ce que le pilote en ait besoin. Il faut également savoir que ce deuxième générateur entraîne les deux roues avant par le biais d’un différentiel pendant les phases d’accélération, ce qui nous permet de disposer temporairement d’une traction intégrale étant donné que la puissance du moteur à essence est transmise à l’essieu arrière.
Le tout permet d’économiser du carburant et de rendre au sport automobile sa fonction de laboratoire technologique pour développer les futures voitures de série…
Neel Jani : C’est vrai, le nouveau règlement vise ainsi à conserver le même niveau de performance qu’en 2013 mais en consommant 30% de carburant en moins. Cela a été très bien accueilli par les constructeurs, tels que Porsche, mais également Audi, Toyota et, à partir de l’année prochaine, Nissan. Il l’a été d’autant plus que les grands groupes automobiles regardent le sport automobile comme une excellente vitrine pour promouvoir leurs produits: plus l’enjeu sportif sera proche de l’image des voitures que l’on retrouve sur la route, plus les constructeurs seront intéressés. Ils voient dès lors l’investissement dans le sport automobile comme une activité qui va leur apporter de l’expérience, une technologie et des outils pour le bénéfice global de l’entreprise dans l’objectif quotidien de construire les meilleures voitures de route possibles. Porsche n’a pas caché que son retour a été fortement influencé par l’ampleur du défi technologie imposé par la nouvelle réglementation.
1. Wurz/Sarrazin/Nakajima (A/F/J), Toyota TS 040 Hybrid, 3:21,789 min.
2. Dumas/Jani/Lieb (F/CH/D), Porsche 919 Hybrid, + 0,357 s
3. Davidson/Lapierre/Buemi (GB/F/CH), Toyota TS 040 Hybrid, + 0,734 s
4. Albuquerque/Bonanomi/Jarvis (POR/I/GB), Audi R18 e-tron quattro, + 1,575 s
5. Bernhard/Webber/Hartley (D/AUS/NZ), Porsche 919 Hybrid, + 2,347 s
6. Fässler/Lotterer/Tréluyer (CH/D/F), Audi R18 e-tron quattro, + 2,940 s
7. Di Grassi/Gené/Kristensen (BRA/ESP/DK), Audi R18 e-tron quattro, + 4,025 s
Credit photo : Laurent Missbauer, Jean-Baptiste Lassaux et Porsche
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