Après plus de 350 kilomètres répartis en 18 spéciales, c’est avec l’aide des dixièmes de secondes qu’il fallait déterminer l’écart entre les deux premiers puisque Thierry Neuville remportait le rallye d’Argentine avec seulement 7 dixièmes de secondes d’avance sur Elfyn Evans, après que le pilote gallois ait mené le rallye jusqu’à la Powerstage.
Cette cinquième épreuve du championnat allait se dérouler en deux temps puisque, le premier jour, c’est Elfyn Evans qui prenait l’avantage. Après la super spéciale d’ouverture, le jeudi, remportée par Sébastien Ogier, le pilote gallois allait profiter de sa bonne position de départ pour prendre les devants et même dominer cette épreuve en remportant 6 des 8 spéciales du vendredi, ne laissant que Hayden Paddon remporter le huitième chrono et Thierry Neuville la super-spéciale clôturant cette journée. C’est avec près d’une minute d’avance que Elfyn Evans rentrait au parc fermé le soir, devant un surprenant Mads Ostberg et Thierry Neuville déjà à plus d’une minute, Sébastien Ogier et Ött Tanaka complétant le top 5 à une quinzaine de secondes du pilote norvégien.
En remportant la première spéciale du samedi, le pilote aux pneus D-Mack confortait encore son avance devant Thierry Neuville, qui venait de prendre le meilleur sur la Ford de Mads Ostberg et rien ne semblait entraver le rallye du Gallois. Et pourtant, la fin de matinée allait changer la donne, puisque le leader, victime de deux crevaisons, perdait une vingtaine de secondes sur le pilote Hyundai. Et ce dernier allait continuer son retour dans l’après-midi en enchaînant les temps scratchs dans les deux derniers chronos du jour alors que, dans le même temps, Elfyn Evans perdait énormément de temps en raison d’une voiture devenue très délicate après avoir perdu son diffuseur.
Ainsi, l’avance confortable du vendredi soir n’était plus réduite qu’à 11,5 secondes le dimanche matin au départ de la dernière étape, et encore réduite à 9 secondes après la première spéciale de ce dernier jour après des petits soucis de freins sur la Fiesta du Team D-Mack. Dans l’avant-dernière spéciale, Elfyn Evans connaissait une surchauffe moteur et perdait d’un coup 8,4 secondes, ce qui ne lui laissait plus que 0,6 seconde avant la Powerstage. Pourtant le pilote gallois ne baissait pas les bras et donnait tout dans ce dernier chrono : dans le premier partiel, pourtant favorable aux Hyundai, il reprenait 3 secondes à Thierry Neuville, laissant planer le doute sur le résultat. Mais dans la suite de la spéciale, il manquait son passage sur le pont en le touchant et perdait 1 à 2 secondes dans la manœuvre. Au chrono partiel suivant, c’est le pilote belge qui était devant, et avec près de 2 secondes d’avance sur la Ford D-Mack. Reprenant quelques dixièmes, Elfyn Evans franchissait la ligne de chronométrage à 1,3 secondes de Thierry Neuville sous les yeux de ses adversaires du WRC, tous rivés devant l’écran situé à l’arrivée. Ainsi, Thierry Neuville remportait l’épreuve avec une avance de seulement 0,7 secondes au classement général, devant Elfyn Evans qui avait mené l’épreuve jusqu’à cette dernière spéciale.
Thierry Neuville : « Je n’arrive pas à y croire. Jamais je n’ai connu un tel coup de pouce final dans ma carrière. C’est un résultat incroyable et je dois remercier toute l’équipe pour ce qu’ils ont fait. Je félicite également Elfyn qui s’est battu tout le week-end. J’ai tout donné aujourd’hui. Après un début de rallye difficile, j’étais content de remonter deuxième, mis c’est vraiment des sensations spéciale de s’imposer à nouveau. Ce fut un rallye passionnant du début à la fin. Nous voulions continuer sur notre élan de la Corse et c’était la meilleure chose à faire. Et gagner la Powerstage, c’est la cerise sur le gâteau et nous relance aux championnats pilotes et constructeurs. Nous ne pouvions demander plus. »
Troisième, Ött Tanak réussissait quelques bons chronos, en particulier dans les spéciales très rapides, mais manquait de constance ce qui le laissait à une trentaine de secondes du vainqueur. Quatrième du rallye, Sébastien Ogier terminait hors du podium pour la première fois du rallye. Après avoir remporté la première spéciale (sur asphalte en ville), le quadruple champion du monde allait être dépassé en performance avec une voiture qui n’allait jamais le mettre en confiance, le poussant même à la faute à quelques reprises. Après un bon début de course, qui le voyait pointer au deuxième rang lors de la journée du vendredi, Jari-Matti Latvala rétrogradait au classement en raison de surchauffes moteur, mettant ce dernier en mode sécurité, et se classait finalement cinquième.
Vainqueur ici même l’an passé, Hayden Paddon allait connaître un rallye difficile, avec un tonneau le premier jour, ce qui lui faisait perdre un temps précieux, le temps de remettre la voiture sur les roues. Roulant ensuite pour marquer des points, il termine sixième malgré une casse de la direction assistée dans la Powerstage. Accablé par les problèmes, Juho Hanninen terminait septième devant Dani Sordo, qui fut longuement retardé après avoir cassé un élément de suspension le premier jour. Auteur d’un très beau début de rallye, Mads Ostberg était en lutte pour un podium le samedi lorsqu’il touchait une pierre, ce qui l’obligeait à repartir en rallye 2 le dimanche et concluait ce rallye au neuvième rang devant le pilote Skoda Pontus Tiedmand, ce dernier remportant le rallye 2.
Enfin, ce fut un rallye catastrophique pour Citroën. Le premier jour, Kris Meeke et Craig Breen se faisaient tous deux surprendre par la même pierre, ce qui envoyait l’Irlandais du Nord en tonneaux, alors que son coéquipier Irlandais n’allait guère plus loin. Tous deux repartant en rallye 2, le samedi, Craig Breen n’allait pas plus loin que le parc d’assistance en raison d’une fuite d’huile. Si Kris Meeke réalisait, le samedi, quelques bons chronos dont deux temps scratch, il sortait ensuite violemment de la route, endommageant fortement une deuxième fois sa Citroën C3 et, contrairement à la veille, elle était irréparable. Reparti le dimanche, Craig Breen réussissait des chronos convenables mais abandonnait après la Powerstage, l’équipe préférant ainsi bénéficier d’un quota réglementaire complet de pièces détachées pour les prochains rallyes.
Au championnat, Thierry Neuville fait la bonne opération avec 30 points marqués, soit le maximum. Ainsi, il compte 84 points et revient donc à 18 longueurs de Sébastien Ogier alors que Jari-Matti Latvala est toujours deuxième, mais avec seulement 2 points d’avances sur le pilote belge.
Prochaine manche du WRC, le Rallye du Portugal du 18 au 21 mai.
CLASSEMENT FINAL (sous réserve des vérifications techniques d’après course et de confirmation de la FIA)- 5 Thierry Neuville/Nicolas Gilsoul Hyundai i20 Coupe WRC 3:38:10.6
- 3 Elfyn Evans/Daniel Barritt Ford Fiesta WRC 3:38:11.3 +0.7
- 2 Ött Tanak/Martin Jarveoja Ford Fiesta WRC 3:38:40.5 +29.9
- 1 Sébastien Ogier/Julien Ingrassia Ford Fiesta WRC 3:39:35.3 +1:24.7
- 10 Jari-Matti Latvala/Miikka Anttila Toyota Yaris WRC 3:39:58.7 +1:48.1
- 4 Hayden Paddon/John Kennard Hyundai i20 Coupe WRC 3:45:53.3 +7:42.7
- 11 Juho Hanninen/Kaj Lindström Toyota Yaris WRC 3:49:27.5 +11:16.9
- 6 Dani Sordo/Marc Marti Hyundai i20 Coupe WRC 3:52:54.7 +14:44.1
- 14 Mads Ostberg/Ola Floene Ford Fiesta WRC 3:53:21.9 +15:11.3
- 31 Pontus Tidemand/Jonas Andersson Skoda Fabia R5 3:55:42.7 +17:32.1
- 5 Thierry Neuville/Nicolas Gilsoul Hyundai i20 Coupe WRC
- 3 Elfyn Evans/Daniel Barritt Ford Fiesta WRC
- 2 Ött Tanak/Martin Jarveoja Ford Fiesta WRC
- 1 Sébastien Ogier/Julien Ingrassia Ford Fiesta WRC
- 10 Jari-Matti Latvala/Miikka Anttila Toyota Yaris WRC
- Sébastien Ogier – 102 points
- Jari-Matti Latvala – 86 points
- Thierry Neuville – 84 points
- Ott Tanak – 66 points
- Dani Sordo – 51 points
- Elfyn Evans – 42 points
- CRAIG BREEN – 33 points
- Hayden Paddon – 33 points
- KRIS MEEKE – 27 points
- Juho Hanninen – 15 points
- Andreas Mikkelsen – 12 points
- STEPHANE LEFEBVRE – 10 points
- M-Sport WRT – 162 points
- Hyundai Motorsport – 140 points
- Toyota Gazoo Racing WRT – 102 points
- Citroën Total Abu Dhabi WRT – 73 points