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Un cadeau de Noël avec trois mois d’avance

Les manifestations historiques ont le vent en poupe. Il suffit de voir le succès rencontré cette année par les courses de côte d’Ollon-Villars ou de Rossfeld. Toutes deux ont vécu les plus belles années du championnat d’Europe de la montagne, celles où s’affrontaient notamment les équipes officielles de Porsche, Ferrari, BMW et Abarth, et toutes deux ont accueilli de nombreux pilotes suisses, ainsi que quelques-uns des plus grands champions de F1. Volkswagen Classic, un des principaux sponsors de la course de côte de Rossfeld, nous a permis de conduire trois de ses voitures d’usine – dont la célèbre Golf GTI groupe A, championne du monde des rallyes en 1986 – les 24 et 25 septembre derniers. Un cadeau de Noël avec trois mois d’avance!

« Souhaitez-vous participer à la course de côte de Rossfeld en Bavière ? » C’est par cette question, posée par Karin Schuler, du service de presse de Volkswagen Suisse, que tout a commencé. Étant donné que cette manifestation a vu briller de nombreux pilotes suisses, de Walter Brun à Peter Schetty, en passant par Herbert Müller, Karl Foitek, Urs Hauenstein et Heini Walter, pour n’en citer que quelques-uns, nous avons immédiatement répondu oui. En outre, les organisateurs de l’Edelweiss Bergpreis Rossfeld-Berchtesgaden étaient toujours présents au salon Retro Classics à Stuttgart et le programme de leur manifestation, très complet, m’avait donné envie depuis longtemps d’assister à leur épreuve.

Grâce à Volkswagen Classic, l’entité chargée de préserver et de valoriser le patrimoine de la marque de Wolfsburg, je n’ai donc pas assisté à l’Edelweiss Bergpreis Rossfeld-Berchtesgaden en tant que spectateur, mais bien en tant que pilote. Qui plus est en tant que pilote d’usine! Un véritable cadeau de Noël avant l’heure, ce d’autant plus que je m’élançais sur le magnifique parcours de six kilomètres derrière de véritables pilotes d’usine, à savoir les champions du monde de rallye Stig Blomqvist et Walter Röhrl, ainsi que le double-champion d’Allemagne Harald Demuth, vainqueur en 1984 du Rallye international du Valais.

Volkswagen Classic avait emmené à Berchtesgaden trois voitures d’usine. Parmi elles, la véritable VW Golf GTI avec laquelle le Suédois Kenneth Eriksson avait remporté en 1986 le championnat du monde des rallyes du groupe A, ainsi que deux répliques. Pour ces dernières, il s’agissait de la célèbre Coccinelle 1302 S Rallye de l’importateur autrichien et de la VW Golf GTI Pierburg qui avait permis au Suédois Per Eklund, lui aussi un ancien vainqueur du Rallye international du Valais, de remporter le groupe 2 au Rallye Monte-Carlo de 1980. Cette victoire s’ajoutait à une excellente 5e place au classement général, juste derrière la Lancia Stratos de Bernard Darniche, la Fiat 131 Abarth de Björn Waldegard et l’Opel Ascona 400 d’Anders Kulläng! Ces trois bolides du groupe 4 et la VW Golf GTI groupe 2 de Per Eklund étaient en effet regroupées toutes les quatre dans un mouchoir de 1’39’’, Cela après quelque 8h53 de course! Seul Walter Röhrl (Fiat 131 Abarth) avait été au-dessus du lot en remportant en 8h42’20’’ la première de ses quatre victoires au Rallye de Monte-Carlo au volant de quatre voitures différentes.

Pour les trois premières de mes quatre montées du samedi 24 septembre, j’ai choisi la VW Golf GTI groupe A ex-Kenneth Eriksson aux couleurs des ordinateurs TA. Sous ses allures de paisible Golf II se cache une véritable voiture de course qui ne pèse que 880 kg. Ses 180 ch n’ont eu ainsi aucune peine à escalader les six kilomètres du parcours, vraiment magnifique avec ses longues courbes, ses enchaînements rapides et ses virages en épingle où s’était massé un public très chaleureux. Si une puissance de 180 ch ne semble pas très importante aujourd’hui, il en allait bien différemment il y a 36 ans. Outre le fait d’avoir remporté le titre mondial en groupe A, Kenneth Eriksson s’est également classé plusieurs fois parmi les dix premiers du classement général qui était dominé à l’époque par les monstres à quatre roues motrices du groupe B. Chez lui, en Suède, il avait par exemple terminé au 7e rang absolu, juste derrière la Citroën BX 4TC groupe B de Jean-Claude Andruet et Annick Peuvergne. Cela avec une deux roues motrices!

En tant qu’un des principaux sponsors de l’Edelweiss Bergpreis Rossfeld-Berchtesgaden, Volkswagen Classic a proposé à plusieurs VIP de prendre place à mes côtés. Il faut savoir que cela est permis sur ces courses de côte historiques où les temps ne sont pas chronométrés et où le principal but est de se faire plaisir et de faire également plaisir au nombreux public venu applaudir Walter Röhrl, Stig Blomqvist, Harald Demuth, Kurt Ahrens, le prince Leopold von Bayern et autres Jochen Mass.

A la deuxième montée, j’embarque ainsi un proche de Hans-Peter Porsche. Il doit ramener au départ de la course de côte la Porsche 935 de 2018 que Hans-Peter Porsche, l’un des quatre fils du fondateur de la marque Ferry Porsche, a prêtée à Walter Röhrl.

A la descente, j’emmène cette fois-ci un jeune adolescent. Il s’agit de Tamino Porsche, le petit-fils de Hans-Peter Porsche, qui nous raconte avec enthousiasme avoir atteint plusieurs fois 180 km/h aux côtés de Walter Röhrl ! Ce dernier a ensuite changé de monture pour descendre à Berchtesgaden et conduit une réplique exacte de la Porsche 911 avec laquelle il avait participé en 1970 à l’ADAC Bavaria Rally, manche du championnat d’Allemagne où il pilotait pour la première fois une Porsche en course.

A la troisième montée, je commence à bien connaître tant la voiture que le parcours de cette course de côte qui, par endroits, est particulièrement rapide. C’est un véritable bonheur d’attaquer au volant de cette Golf GTI championne du monde, à la fois très équilibrée et très neutre. Sa tenue de route et sa boîte, avec son levier de vitesse surmonté d’une balle de… golf, sont un véritable régal.

Cette Golf II GTI est par ailleurs très bien préparée par l’équipe d’assistance de Volkswagen Classic qui inspecte avec intérêt mes slicks à l’arrivée. « Dis donc tu as bien attaqué! Les pneus sont en effet bien montés en température », me lance Marcel Leifer, un des mécaniciens de Volkswagen Classic après avoir posé sa main sur le slick avant gauche de «ma» Golf. Mon passager est en tout cas ravi et il en va de même pour les spectateurs qui applaudissent tous les concurrents au bord de la piste.

L’ambiance sur cette course de côte est vraiment très chaleureuse et je vous conseille vivement de vous y rendre lors de la prochaine édition qui aura lieu les 28 et 29 septembre 2024. Vous ne le regretterez pas et les environs de Berchtesgaden ne manquent pas d’atouts touristiques, à commencer par le Königsee, le Musée Traumwerk de Hans-Peter Porsche ou encore la ville de Salzbourg, toute proche de la frontière bavaroise.

Pour ma quatrième montée de la journée, je choisis la réplique de la Coccinelle 1302 S Rallye. La version originale avait fait sensation en remportant en 1973 le Rallye de l’île d’Elbe, une épreuve du championnat d’Europe de la spécialité. L’équipage Achim Warmbold-Gunnar Häggbom s’y était imposé avec 1’36’’ d’avance sur la Fiat 124 Abarth Rally de Sergio Barbasio, navigué par le regretté Gino Macaluso. Ce dernier, né à Turin le 9 juin 1948 et décédé d’une crise cardiaque le 27 octobre 2010 à La Chaux-de-Fonds, était devenu le patron de la manufacture horlogère Girard-Perregaux après avoir arrêté les rallyes. Toujours en 1973, mais en championnat du monde cette fois-ci, la Coccinelle 1302 S Rallye avait également brillé au Rallye de l’Acropole. Aux mains de Georg Fischer, elle avait terminé 5e au classement général derrière quatre voitures d’usine, à savoir les deux Alpine A110 de Jean-Luc Thérier et Jean-Pierre Nicolas, ainsi que les deux Fiat 124 Abarth Rally de Rauno Aaltonen et Hakan Lindberg.

C’est donc au volant de la réplique d’une Coccinelle très affûtée que je m’élance pour la quatrième et dernière montée de la journée. Avec ses deux carburateurs de Porsche 904, son radiateur d’huile de la Porsche 908 et sa boîte à cinq vitesses de la VW-Porsche 914, cette Coccinelle de course est un véritable loup déguisé en agneau. Ses 128 chevaux ne peuvent certes pas rivaliser avec les 180 ch de la Golf GTI groupe A, mais elle s’est avérée très amusante à conduire. Les sensations ressenties au volant de cette «Cox» survitaminée m’ont en effet rappelé celles que j’avais connues au volant des premières Porsche 356 Carrera qui n’avaient, elles, que 110 ch. Ceci dit, on est assis beaucoup plus haut dans une Coccinelle que dans une Porsche 356. C’est d’ailleurs ce côté voiture «haute sur pattes», qui s’extrait des virages en épingle à une vitesse tout à fait honorable, qui lui confère un énorme capital sympathie auprès du public.

Pour terminer en beauté le second et dernier jour de course, Volkswagen Classic me confie une véritable bête de course, à savoir la réplique de la VW Golf GTI Pierburg. Si ses couleurs jaune et bleu évoquent la Golf GTI 8 soupapes que Per Eklund avait menée à la victoire dans le groupe 2 et à la 5e place du classement général du Rallye Monte-Carlo de 1980, la mécanique est en revanche celle de la Golf GTI 16 soupapes groupe 4 avec laquelle le duo Alfons Stock-Paul Schmuck a remporté le championnat d’Allemagne des rallyes en 1981. Comme le moteur 16 soupapes n’avait pas été produit à l’époque en quantité suffisante pour que cette Golf I soit homologuée en groupe 2, elle avait été inscrite en groupe 4, catégorie qui offrait par ailleurs davantage de liberté au niveau de la préparation. Du coup, cette GTI que j’ai eu le privilège de piloter à la course de côte de Rossfeld était une véritable bombinette. Jugez-en plutôt: 215 ch, 728 kg et de 0 à 100 km/h en seulement 6,6 secondes! Pas mal du tout pour une voiture de plus de 40 ans!

Inutile de préciser que j’ai eu énormément de plaisir à son volant. Cela à chacune des montées effectuées lors de cette seconde journée de course. Lors de la dernière montée, c’est le directeur de course Bernd Buchwinkel qui a pris place dans le siège-baquet du copilote.

D’une extrême gentillesse, il m’a accompagné après la course à l’endroit où se trouve le monument érigé à la mémoire du pilote italien Lodovico Scarfiotti, victime d’un accident mortel à Rossfeld en 1968. Un Lodovico Scarfiotti particulièrement apprécié en Suisse. Au volant d’une Ferrari Dino 206 S, il avait notamment remporté en 1966 la course de côte de Sierre-Montana, une semaine avant de s’imposer au Grand-Prix d’Italie de F1 au volant d’une Ferrari 312.

Lodovico Scarfiotti est, à ce jour, le dernier pilote italien à s’être imposé à Monza avec une voiture de la Scuderia Ferrari. Comme Jo Siffert, auquel il avait succédé au sein de la Scuderia Filipinetti en 1963, et Ayrton Senna, Lodovico Scarfiotti a emporté avec lui les causes exactes de son accident. Il pilotait alors une Porsche 910 Bergspyder d’usine.

Le décès à Rossfeld de Lodovico Scarfiotti a rappelé que, comme on peut le lire sur les billets d’entrée aux courses en Grande-Bretagne, «Motorsport is dangerous». Un accident, heureusement sans gravité, s’est ainsi également produit cette année à Rossfeld, juste avant le dernier virage en épingle du parcours. J’ai ainsi été très content d’avoir pu ramener sans aucune égratignure chacune des trois voitures de course que m’avaient confiées les responsables de Volkswagen Classic. J’adresse ici mes plus vifs remerciements à Sascha Neumann, à la tête de Volkswagen Classic depuis 2015, pour la confiance témoignée. Je remercie également toute l’équipe qu’il avait déléguée à Berchtesgaden, à savoir Steffen Weise (à g.) et Michael Winkler, tous deux debout sur la photo ci-dessous, ainsi que Ceyhan Erdogan (à g.) et Marcel Leifer, accroupis.

Crédits des photos: Laurent Missbauer, Gudrun Muschalla et Porsche AG

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