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Olivier Burri : « Pour mon 24e Monte Carlo je vise la victoire en WRC-2 Master Cup »

Comme chaque année à cette période, on se demande qui prendra part au Rallye de Monte Carlo et, comme pratiquement chaque année également, on peut compter sur le jurassien Olivier Burri pour en être. Ça sera encore le cas en 2022, pour le plus grand plaisir des suisses passionnés de la discipline.

 

Nous avons eu la chance de nous entretenir avec un Olivier Burri, passablement occupé en ce début d’année, mais aussi très disponible lorsqu’on lui parle de rallye. Il a sympathiquement répondu à nos questions sur le Monte Carlo mais également sur sa longue et belle carrière, sur ses préférences rallystiques ou encore sur ses projets pour l’année 2022.

 

Monte Carlo 2022

 

On sait tous que tu es le pilote suisse qui détient le record absolu du nombre de participations au fameux Rallye de Monte Carlo. On en vient même à oublier le nombre de participation… c’est bien ton 24ème départ au Rallye de Monte Carlo ?

Oui, c’est exact.

 

En guise de préparation, tu viens de participer au Rallye du Devoluy qui s’est malheureusement soldé par un abandon. Parles-nous de ta préparation.

C’était la catastrophe ! On était vraiment pas bien… Suite à une mésentente entre mon préparateur et moi, les réglages de la voiture n’étaient pas bons. Nous étions à côté de la plaque ! Le différentiel arrière était réglé ‘trop agressif’. J’avais l’impression de rouler une BMW 325i propulsion (rire). En plus, nous étions avec les gommes pour le Monte Carlo alors que les autres avaient des pneus mieux adaptés. Quand t’as des voitures à 5’000 euros devant toi, c’est un peu frustrant mais je savais pourquoi j’étais là. Pour faire évoluer la voiture, il aurait fallu changer des pièces, ce qu’on ne pouvait faire qu’à l’atelier. J’ai donc décidé d’arrêté la course pour privilégier des essais.

 

Justement, as-tu encore prévu des essais avant de prendre le départ ?

Oui, nous avons prévu une séance de tests sur deux jours. On roulera en France ce samedi et dimanche pour tester les différents ‘setups’.

 

Tu rouleras donc à nouveau avec la Polo R5 soutenue par Roger Tuning ? Pourquoi ce choix ?

Déjà, parce que c’est ma voiture ! Je penses que c’est une voiture qui peu encore gagner malgré l’absence de développement chez Volkswagen. On a prévu des évolutions moteurs et d’autres pièces pour le Monte Carlo. On aura notamment de nouveaux réglages de tarage des amortisseurs.

 

Dans quelle catégorie rouleras-tu au Monte Carlo ?

 

Je suis inscrit à la nouvelle catégorie WRC-2 ‘Master Cup’ (NDLR : championnat réservé aux pilotes nés avant le 01.01.1972). Je serai donc confronté aux pilotes pro avec les Rally2 et R5 et je roulerai avec les Pirelli qui sont imposés en mondial.

 

Quel est ton objectif pour ce Rallye Monte Carlo 2022 ?

Déjà, si je fini dans les 20 premiers au général, je serai content. Je ne pourrai pas rouler avec les Mikkelsen et autres pros. On n’a pas le même rythme, les mêmes soutiens et on ne prend pas les mêmes risques. Sinon, l’objectif premier sera de gagner la ‘Master Cup’.

 

Cette année, quels sont tes principaux partenaires pour le Monte ?

Comme toujours, mon ami Christophe (Hofmann) sera de la partie avec sa société WINGROUP. J’aurai également le soutien de Chicco d’Oro.

 

Gardes-tu un souvenir particulier de l’une des nombreuses éditions auxquelles tu as participé ?

Mon meilleur souvenir, c’était en 2001 lorsque je roulais avec la Toyota Corolla WRC. J’étais deuxième au général après deux spéciales, à 4 secondes de Didier Auriol (Peugeot 206 WRC) alors que j’avais été bloqué par un concurrent qui me précédait sur la route (NDLR : Olivier a réalisé 2x les troisièmes temps des ES1 et ES2 devant les McRae, Grönholm, Mäkinen, Sainz et autre Delecour, excusez du peu !).

 

Saison 2022

 

En 2021, on t’a vu rouler passablement en Italie. As-tu déjà un programme défini pour 2022 ?

On va déjà voir comment se passe le Monte Carlo. Si on fait un bon résultat, on ira chercher le budget pour faire les manches WRC en ‘Master Cup’ (NDLR : titre de Champion du monde à la clé pour les pilotes de plus de 50 ans).

 

Sais-tu déjà sur quelles manches tu rouleras ?

On roulera uniquement sur les manches en Europe. Il y aura de l’asphalte mais aussi de la terre. J’ai déjà roulé sur la terre en France et j’étais bien, dans les 7-10 au général. De toutes façons, il faut rouler sur la terre pour jouer le championnat.

 

Tu vas continuer avec la Polo R5 ?

On ne sait pas encore. Elle va peut-être être vendue donc on verra.

A 58 ans, ta passion pour le rallye et ton esprit de compétition semblent intacts. Jusqu’à quand comptes-tu rouler en rallye ?

La vie est courte alors il faut en profiter. Tant qu’on est capable, qu’on a envie et que le corps et la tête suivent, on continue. Peut-être 3-4-5 ans… En fait, j’espère encore rouler pendant 40 ans pour pouvoir le faire avec mes petits enfants (rire).

 

Est-ce que tu continueras à soutenir et ‘coacher’ Jonathan Michellod en 2022 ?

On ne sait pas encore. On a prévu d’en discuter prochainement, peut-être lors des essais de ce week-end mais je ne devrais pas être trop loin de lui encore…

 

A ton avis, qui sera le favori pour le championnat suisse des rallyes 2022 ?

C’est difficile à dire. Jonathan a montré une belle progression et de la régularité. Il sera dans le ‘Top3’. Il lui manque encore certaines choses. Il a notamment besoin d’étoffer son potentiel sur les terrains compliqués mais il sera dans le groupe de tête.

Les souvenirs d’une longue carrière en rallye

 

Quel est ton meilleur souvenir en rallye ?

Difficile à dire, il y en a plusieurs. Les victoires en Valais ont laissé des traces positives. La victoire de 2019 était spéciale. C’était bien pour moi. Ça récompensait les efforts que j’ai fait. Je suis dur et exigeant avec moi-même alors ça fait du bien quand ça porte ses fruits. (NDLR : son fils Michaël était également sur le podium cette année-là)

Quel est ton rallye préféré en Suisse ?

Sans aucun doute, le Rallye du Valais.

 

Quel est ton rallye préféré en mondial ?

Probablement le Monte Carlo pour sa dureté et ses spécificités… En 1997, j’ai été ‘manager’ d’un pilote qui a fait 9 manches en mondial. J’étais son coach et on a pu faire de belles choses. J’ai donc pu rouler sur différentes manches. Je garde un bon souvenir de la Finlande et de ses bosses mais mon préféré reste le Monte Carlo qui est sans doute le plus compliqué de tous.

 

Quelle est la voiture que tu as préféré conduire en rallye ?

La Toyota Corolla WRC que j’ai roulé en 2000-2001, quand la voiture fonctionnait bien. J’en garde un souvenir extraordinaire.

 

Quelle est la voiture la plus rapide/performante que tu as conduit en rallye ?

La Toyota Corolla WRC justement. C’était la version la plus proche du ‘package usine’ que j’ai roulé. Les Peugeot 206 WRC de 2002 et 307 WRC de 2006 était très performantes aussi mais il nous manquait toujours quelque chose. On n’avait pas le ‘bon package’ pour jouer devant. Par exemple, avec la 307 WRC, je roulais en Michelin alors que les ‘usines’ étaient en BFGoodrich.

 

Y a-t-il une voiture que tu aurais aimé rouler en rallye ?

Peut-être les WRC actuelles. Pour en avoir beaucoup discuté avec Adrien Fourmaux, elles sont plus ‘faciles’ à rouler que les R5. Les R5 sont compliquées et exigeantes. Il faut toujours se remettre en question pour aller vite. Les nouvelles Rally1, c’est comme des R5 mais avec 500 ch. Sans l’aéro, c’est très compliqué à rouler. Avec l’hybridation,c’est pointu. Il y a d’ailleurs déjà eu pas mal de sorties en essais.

 

As-tu un pilote modèle, un exemple ou une personnalité du monde du rallye que tu apprécies particulièrement ?

Mon idole, ça a toujours été Carlos Sainz qui est presque mon contemporain. C’est une sacrée personnalité qui a vécu des (très) hauts et des (très) bas mais il a toujours été capable de rebondir. Là encore, aujourd’hui, il gagne au Dakar (NDLR : interview réalisée le 04.01.21).

 

Quel a été ton concurrent le plus ‘féroce’ en championnat suisse des rallyes ?

Cyril Henny.

 

Quel est ton pilote préféré encore en activité ?

Sébastien Loeb. C’est un surdoué, toujours capable de se remettre en question. Il a toujours été là, même quand ça n’allait pas. C’est un gars adorable, très abordable malgré sa notoriété. C’est un vrai pilote, pas une ‘rockstar’ qui se prend la tête. Le rallye a besoin des personnalités comme Sébastien Loeb et Sébastien Ogier. Ils sont au même niveau. Ogier est plus travailleur que Loeb. A leur époque, Loeb-Elena partaient la fleur au fusil. C’est le talent à l’état pur. Aujourd’hui, le talent ne suffit plus. Il faut bosser, beaucoup, avec les caméras. Des heures et des heures de vidéos…

Y a-t-il une marque que tu apprécies particulièrement en rallye?

Mon ADN, c’est Toyota. J’ai aussi été passablement soutenu par Subaru que j’apprécie mais le temps de la Corolla WRC était exceptionnel.

OLIVIER BURRI AU MONTE CARLO, C’EST

22 participations selon ‘ewrc-results.com’ mais en réalité 23 départs à ce jour

_5x Ford (1991, 1993, 2014, 2015, 2017)
_5x Subaru (1997, 2004, 2007, 2008, 2010)
_3x Toyota (2000, 2001, 2003)
_3x Peugeot (2002, 2006, 2013)
_2x Skoda (2018, 2019)
_2x Volkswagen (2020, 2021)
_1x Fiat (2009)
_1x Mitsubishi (2012)

La rédaction de Sport-Auto.ch remercie sincèrement Olivier Burri pour le temps qu’il nous a accordé et lui souhaite plein succès pour le Monte Carlo 2022.

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