Yokohama 160×600
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Entretien avec Mireille Vidueira

Mireille Vidueira possède déjà une vingtaine de rallyes au compteur, le plus souvent en équipage 100% féminin. Jusqu’il y a peu, elle roulait au volant de la fameuse Mitsubishi Lancer Evo IX jaune. Engagée en Championnat de France des Rallyes, Mireille étrenne cette année une nouvelle monture, la Ford Fiesta Rally3.

 

Dans le cadre du Stamm de l’Atelier de la Tzoumaz qui avait lieu dans son garage à Vouvry, Sport-Auto.ch s’est entretenu avec la pilote du Bouveret.

 

 

Mireille, on a la chance de découvrir ta nouvelle voiture dans ton garage, ici à Vouvry. Il s’agit d’une Ford Fiesta Rally3 que tu avais déjà essayée l’année passée. Qu’est-ce que tu peux nous dire sur ce choix ?

A la base, je ne sais pas trop pourquoi on était parti sur la Mitsu. David (son mari et préparateur) ne voulait pas rouler avec des françaises donc ça écarte déjà pas mal de voitures de rallye (rire). Après, il voulait plutôt un 4×4 donc c’était soit une Sub, soit une Mitsu. Après, ce n’était pas la voiture la plus facile à apprendre pour rouler au début mais je me suis battue pour comprendre comment ça se roulait.

 

On n’est pas vraiment axés sur le côté féminin. Je ne suis pas féministe mais on se rendait compte qu’il y avait plus de médiatisation et un côté sympa du fait qu’on roulait en équipage féminin. Ça nous a motivé à nous lancer dans le championnat de France. Quand on est allé au Mont Blanc, on a vu qu’on était plus ou moins dans le tir donc il y avait quelque chose à faire.

 

En réfléchissant, on s’est dit que la Mitsu était un peu vieille. Elle est difficile à fiabiliser. Tu repasses derrière tout, tout le temps, tu révises avant que ça p… mais ça coûte cher. C’est un peu ce qui nous a fait dire ‘On essaie autre chose’. En 2020, j’ai pu essayer la Peugeot 208 Rally4 que j’ai bien aimée. Par contre, il me manquait un peu les quatre roues motrices. La Rally4 est un ‘rail à l’avant’ mais t’as l’arrière qui se balade tout le temps et je ne suis pas habituée. Je n’avais pas le feeling du tout.

 

On a ensuite vu cette nouveauté qu’est la Rally3. On l’a vue débuter au Sanremo 2021 et on s’est dit que c’était quelque chose de plus moderne et adapté pour faire le Championnat de France.

 

 

Cette année, tu roules donc en France, avec une licence française. Quelle est la raison pour laquelle tu as choisi de rouler avec une licence française plutôt que suisse ?

Disons que je comptais sur plus de soutiens en marketing/sponsoring. Le fait de rouler avec une licence française, ça ouvre un peu des portes sur des partenaires français. On ne peut pas se cacher qu’en France les gens sont plus passionnés et il y a plus de soutient. C’est pour ça que l’objectif était d’avoir un équipage franco-suisse.

 

 

Tu as essayé la Fiesta Rally3 l’année passée en compétition (NDLR : Rally di Castiglione Torinese) dans le cadre d’une location. Tu as dû apprécier l’expérience puisque tu en as commandé une derrière ?

Il y a pas mal de gens qui m’ont déconseillé de l’acheter. C’était surprenant. Plusieurs personnes m’ont dit que j’avais meilleur temps de prendre une Peugeot ou une Renault Rally4. Ils m’ont dit que la Rally3 manquait de puissance par rapport au 4×4, qu’elle était trop lourde et que j’allais me retrouver derrière des Rally4. Ils me disaient que ça irait sur la terre mais qu’elle manquerait de puissance sur l’asphalte.

 

On a essayé la voiture en location et, le week-end d’après, la FFSA autorisait une bride un peu plus grande. Bride plus grande alors qu’elle allait déjà vraiment bien… c’est aussi ce qui nous a décidés et, pour moi, le côté ‘fun’ m’intéressait également. Après, qu’on soit derrière avec une Rally3 ou une Rally4, c’était secondaire. Pas mal de gens m’ont dit que je serais déçue par rapport à la puissance de la Mitsu mais c’est différent. Il y a plus de couple donc on ne sent pas forcément le manque de puissance.

 

 

Elle est plus maniable et vivante que la Mitsubishi ? Plus facile à faire bouger ?

Pas forcément à faire bouger mais c’est simplement plus maniable, par exemple dans les chicanes. Dès que tu attaques des virages serrés, c’est plus ‘vivace’.

 

 

Quel est ton programme cette année ? Tu as prévu de faire tout le Championnat de France ?

Oui, l’objectif c’est le Championnat de France. Après, il a malheureusement mal commencé avec le Rallye du Touquet (NDLR : sortie de route) donc j’ai pris mon ‘joker’ et je ne peux pas me permettre un deuxième. C’est un peu ça qui va conditionner la suite. Et puis, comme on est un Team amateur, il y a tellement de choses qui peuvent enrayer le parcours qu’on vit un peu course après course. L’objectif, le rêve est là. Faire le Championnat en entier ! C’est aussi pour ça que je n’ai pas pris la licence suisse. Je vais vraiment me concentrer sur les rallyes en France, avec un peu de regret parce que j’aimerais bien participer aux rallyes qui sont juste à côté de chez moi, le Rallye du Chablais et le Rallye du Valais. Ils ne sont pas au programme. A un moment donné, il faut se décider sur un truc et on est parti sur le Championnat de France.

 

 

Tu as parlé du Rallye du Touquet qui n’a pas été une bonne expérience. Est-ce que vous avez eu des séquelles ou autres soucis suite votre grosse sortie ?

J’ai été vraiment surprise par la sécurité qu’on a dans cette voiture. On a eu quelques courbatures mais pas grand chose. On a eu beaucoup de chance. Ce qui m’a le plus paniquée, c’était le public. Quand je les ai vus, j’ai prié le seigneur pour qu’on ne les touche pas. S’il y avait eu du public impliqué, je ne repartais pas.

 

 

Depuis, tu as roulé au Rallye Rhône-Charbonnières. Ça s’est plutôt bien passé pour vous.

Oui, on s’est remis sur les rails. Ce n’était pas facile au début. Plus tu attends après une sortie de route, plus tu as d’appréhension, tu réfléchis, tu cogites… A un moment donné, ce n’est même pas la tête mais ton corps qui réagit à des mouvements de la voiture, à des réactions liées à la route, aux aspérités et tu te demandes ce qu’il se passe. Il faut passer au-dessus, reprendre confiance et y aller pas à pas. On a clairement encore du travail mais ça revient.

 

 

Mireille poursuivra son aventure au Rallye d’Antibes Côte d’Azur qui aura lieu du 19 au 22 mai 2022. Pour l’occasion, elle sera naviguée par la française Anne-Line Michelier. La rédaction de Sport-Auto.ch remercie Mireille pour sa disponibilité et lui souhaite plein succès pour la suite de sa saison.

 

 

 

Crédits photographiques : Nuno Ferreira / Sport-Auto.ch

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