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Entretien avec Cédric Borboën : L'avenir du Rallye International du Valais

Depuis trois ans maintenant, Cédric Borboën et son équipe ont repris les reines du Rallye International du Valais. Il est arrivé avec de nouvelles ambitions. L’un de  ses objectifs était de créer un véritable événement au centre névralgique du rallye, les Casernes. En plus des deux spéciales quotidiennes, le Rally Motor Show est venu s’ajouter. Cette création permet de faciliter l’accès pour les fans d’automobile.  Sport-Auto a pu s’entretenir avec Cédric Borboën pour débriefer de la dernière édition ainsi que de parler de l’édition 2020. Pouvez-vous vous présenter brièvement ?

« Je m’appelle Cédric Borboën. J’ai 46 ans et je suis né sur l’île de Madagascar. J’ai vécu mes cinq premières années sur cette île et les trois suivantes au Togo en Afrique. J’ai emménagé en Suisse lorsque j’avais huit ans. En 2005, j’ai fondé le Forum Economique du Nord Vaudois qui est devenu en 2015 le FOROM soit le Forum Economique Romand. Ce forum réuni quinze fois par année plus de 3500 dirigeants, décideurs et leaders économiques de Romandie. En 2017, j’ai repris les rennes du Rallye International du Valais. »
Que gardez-vous de la dernière édition du Rallye International du Valais ?
« Je garde en mémoire la superbe 9ème victoire d’Olivier Burri. C’est véritablement un honneur pour moi en tant qu’organisateur d’avoir eu la chance de sacrer un neuvième titre à un grand champion comme cela est en plus lors de notre 60ème édition. Vous arrivez à imaginer qu’Olivier a 29 participations au Rallye International du Valais en 60 éditions !? Sinon d’avoir réuni plus de 20 véhicules historiques au départ que nous avons créé lors de notre reprise en 2017. C’est une belle fierté pour nous. D’ailleurs, cette troisième édition du VHC nous a permis d’entrer dorénavant dans le Championnat Européen FIA de VHC dès 2020. Je n’oublierai, bien sûr, pas la présence de Ken Block sur nos routes valaisannes. »
Est-ce que vous êtes satisfait des retours obtenus sur ce mélange « Rally Motor Show Emotion » et le Rallye International du Valais ?
« Nous avons, là aussi, créé de toutes pièces le Rally Motor Show Emotion à notre reprise du Rallye International du Valais en 2017. Le Rally Motor Show Emotion a été principalement créé pour développer le côté événementiel de notre événement et ainsi attirer plus de spectateurs ainsi que de famille et de contribuer à faire du Rallye International du Valais un événement automobile au sens large du terme et pas que destiné aux passionnés de rallye. Le Rally Motor Show Emotion rempli parfaitement son rôle et est devenu en 3 ans le lieu de rencontre privilégié des amoureux d’anciens véhicules de tous types. »
Qu’avez-vous pensé du succès qu’a engendré la venue de Ken Block ?
« Nous avons vraiment pu mesurer le succès de la venue de Ken Block à plusieurs endroits, tout d’abord sur la présence du public le long de nos spéciales. Beaucoup d’habitués nous ont rapporté que cela faisait très longtemps qu’il n’y avait eu autant de monde sur le bord des routes du Rallye International du Valais. Nous avons aussi observé une nette augmentation du public présent sur le site des Casernes. Mais l’endroit où nous avons pu noter un gros succès sur la venue de Ken Block c’est sur internet. Tout d’abord sur notre site internet qui accueillait par le passé, lors des 3 semaines précédant le Rallye, quelque 300 visiteurs uniques par jour, c’est entre 3’000 et 5000 visiteurs uniques par jour que nous avons pu compter grâce à la venue de Ken Block. Nous avons eu pendant les 3 jours de compétition plus de 17’000 visiteurs uniques par jour, contre 3’000 les autres années. Les réseaux sociaux n’ont pas été en reste non plus. Grâce au très très bon travail de Yann Zimmer notre community manager de nos réseaux sociaux et la venue de Ken Block nous sommes passés de 2’300 abonnés Instagram à plus de 10’000 en 6 mois… Avec nos plus de 14’000 abonnés sur Facebook, nous commençons à avoir un sacré réseau de passionnés. Ken Block nous a aussi transmis ses statistiques qui parlent d’elles-mêmes pour le succès que nous a apporté sa venue. Sur l’ensemble de ses publications liées au Rallye International du Valais, Ken Block a obtenu plus de 3 millions de like, 38 millions de Reach et plus de 7 millions de vues sur Youtube… Le Rallye International du Valais s’est affiché plus que jamais sur toute la planète et nous commençons maintenant à en récolter les fruits. C’est pour nous une très très grande satisfaction, car ce fut un travail de plus de 2 ans pour préparer et faciliter sa venue. A l’heure actuelle, nous sommes toujours en discussion avec lui pour 2020, mais c’est un peu plus compliqué cette année, car il a tellement aimé l’accueil que la Suisse lui a offert, notre Rallye, les paysages et la gentillesse du public qu’il aimerait revenir, mais cette fois pour la compétition. Le problème c’est que sa voiture n’est pas homologuée FIA zone Europe et les frais liés à homologation de son véhicule ou la location d’un véhicule adapté à ses besoins sont vraiment très élevés. Nous travaillons donc pour trouver des solutions, mais tout comme pour 2019, nous n’avons pas de budget pour financer sa venue. »
On sait que votre prédécesseur, Christian Dubuis a longtemps eu la volonté de faire venir le WRC en Valais, est-ce que vous y avez déjà pensé ?
« Ma réponse risque de choquer et décevoir les passionnés, mais je peux clairement vous dire qu’en Suisse, nous n’avons quasiment aucune chance de pouvoir accueillir le WRC pour une seule et unique raison : le financement. Nous sommes tout petits en Suisse, nous n’avons pas de partenaires locaux avec des budgets pour être visible en Europe et dans le monde. Car oui, pour financer un événement de cette ampleur, il faut beaucoup de budget et ce n’est que la visibilité TV, internet et média qui peut faire financer un WRC chez nous… Imaginez-vous que pour grimper déjà d’une catégorie, il nous faut augmenter de plus de 250’000 CHF notre budget “publicité”, donc de trouver des partenaires prêts à financer 250’000.00 de publicité sur une chaîne sportive européenne qui détient les droits de promotion de la catégorie (ERC) en dessus de la nôtre. Pour le WRC on parle d’un peu plus d’un million…   Nous n’avons clairement pas le potentiel de sponsoring sur notre région, même Romandie pour financer cela pour un sport automobile. La Formule E en est l’exemple type après 2 éditions déficitaires c’est terminé. »
 Est-ce que la situation actuelle vous inquiète pour le Rallye International du Valais ou pas du tout ? Malgré le fait que le Rallye International du Valais soit dans moins de 7 mois, est-ce que vous avez déjà mis en place des nouveautés que ce soit dans l’organisation où dans le parcours ?
 « Tout a changé ces dernières semaines, les certitudes sont devenues des grandes incertitudes. Notre quotidien a véritablement changé. Les personnes touchées par le virus, les hôpitaux surchargés, les restrictions des commerces et des services, les infos en continu sur nos médias, le télétravail, l’isolement, les applaudissements aux fenêtres. Impossible de faire comme si de rien n’était!   Nous aussi nous devons vivre avec plein d’incertitudes sur notre événement. Aurons-nous suffisamment de bénévoles et commissaires à disposition pour garantir la sécurité maximum de notre compétition. Les personnes médicales et médecins seront-ils disponibles après avoir été en suractivité en ce début d’année ? Nos partenaires seront-ils toujours là pour nous aider financièrement à garantir notre 61ème édition ? Voici une partie de nos incertitudes qui met clairement en suspens pas mal de nos préparatifs.  Les annulations des deux premières manches du Critérium Jurassien et du Rallye du Chablais même si elles sont largement compréhensibles, elles sont dures pour notre sport et pour notre championnat 2020. Nous sommes vraiment désolés pour eux, pour le monde du rallye en général et essayons en interne de trouver quelques solutions pour pouvoir aussi les soutenir dans le cas où notre rallye pourrait avoir lieu. Il faudra trouver des solutions pour rebondir en 2021 avec un championnat suisse complet.  De notre côté, actuellement, nous faisons tout ce qui est possible pour garantir la tenue de notre compétition. La sécurité a toujours été notre principale préoccupation et elle le sera encore plus. La préparation de notre Rallye International du Valais, c’est notre passion et notre métier. Nous n’avons aucune emprise sur l’évolution de la situation. Les autorisations et les réglementations peuvent changer en quelques jours, voire quelques heures. Cependant, nous pouvons vous assurer que nous mettons tous nos efforts, notre volonté et notre cœur dans la préparation de notre 61ème édition. Mais la priorité reste de prendre soin les uns des autres, de rester à la maison, de respecter les consignes, d’être solidaires ! »
Pour terminer, quand vous entendez Olivier Burri dire que c’est son dernier et qu’il s’arrête à 9 succès, vous ne tenterez pas d’aller motiver le Jurassien à décrocher une dixième couronne sur le mythique Rallye International du Valais ?
« C’est son choix et nous le respectons. Peut-être qu’à la suite de la situation liée au Coronavirus, Olivier décidera de participer quand même une nouvelle fois au Rallye International du Valais pour offrir le plus grand bonheur des passionnés de rallye. »   Crédit photo : Sport-Auto.ch – Baptiste Aebi
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