Déjà vainqueur des 24 Heures du Mans, en 2016 sur une Porsche 919, le Biennois Neel Jani a épinglé le week-end dernier une autre victoire de prestige à son palmarès. Il s’est en effet imposé aux 12 Heures de Sebring au volant de la Cadillac du Chip Ganassi Racing dont il partageait le volant avec le Britannique Alex Lynn ainsi qu’avec son ancien coéquipier chez Porsche, le Néo-Zélandais Earl Bamber. Le premier Suisse à avoir remporté les 12 Heures de Sebring était Jo Siffert, vainqueur en 1968 au volant d’une Porsche 907. Neel Jani n’avait été appelé chez Cadillac qu’au tout dernier moment. Kevin Magnussen, son pilote titulaire, avait dû en effet retourner précipitamment en F1 pour succéder chez Haas au Russe Nikita Mazepin, victime des sanctions consécutives à l’invasion de l’Ukraine par Vladimir Putin!
Privé de volant en endurance chez Porsche, marque dont il est toujours l’un des pilotes officiels, Neel Jani était réduit à une certaine inactivité en ce début de saison. Et ce n’est pas son statut de pilote de réserve au sein de l’écurie officielle Porsche en Formule E qui allait y changer quelque chose. C’était toutefois sans compter sur l’invasion de l’Ukraine par Vladimir Putin et la cascade de bouleversements que cela allait impliquer dans le sport automobile.
Désormais qualifiée de persona non grata chez Haas en F1, le Russe Nikita Mazepin était remplacé au pied levé par Kevin Magnussen qui avait justement couru chez Haas de 2017 à 2020. Étant donné que Kevin Magnussen aurait dû disputer le week-end dernier les 12 Heures Sebring au volant de la Cadillac numéro 2 du Chip Ganassi Racing, il a fallu lui trouver à son tour un successeur. Et celui-ci a finalement été Neel Jani, très heureux de se retrouver à nouveau au volant d’une prototype d’usine et, pourquoi pas, de remonter sur la plus haute marche du podium comme aux 24 Heures du Mans ?
Et Neel Jani était encore plus heureux, au terme des 12 Heures de course, car c’est bien sa Cadillac, celle dont il a partagé le volant avec le Britannique Alex Lynn et le Néo-Zélandais Earl Bamber, qui s’est finalement imposée après une fin de course de folie. Jugez-en plutôt: Earl Bamber n’a franchi la ligne d’arrivée qu’avec six petites secondes d’avance sur la Cadillac numéro 5 du JDC Miller Motorsport. Cela après douze heures de course! Sa lutte avec Richard Westbrook, au cours de la dernière heure de course a été épique. Earl Bamber avait en effet dépassé Richard Westbrook une première fois avant de partir à la faute et de devoir recommencer sa folle course-poursuite. Même sanction lorsqu’il s’installa à nouveau en tête. La troisième et dernière tentative allait cependant être la bonne et Neel Jani a pu ainsi remporter la plus ancienne course d’endurance des États-Unis, 54 ans après la victoire de Jo Siffert et Hans Herrmann sur une Porsche 907 en 1968.
Mis à part Jo Siffert et Neel Jani, un autre pilote suisse avait réussi à s’imposer aux 12 Heures de Sebring. C’était Marcel Fässler en 2013 sur Audi! « Cette victoire avec Cadillac a vraiment été incroyable jusqu’au bout », 
devait relever Neel Jani, vraiment très heureux, juste après être descendu du podium où certains ont remarqué que sa combinaison ne portait par le drapeau suisse mais bien le drapeau suédois!
Encore une de ces bévues dont les Américains sont coutumiers, eux qui confondent souvent Sweden et Switzerland? « Non », nous a très aimablement répondu Neel Jani. « Étant donné que mon engagement a vraiment été décidé à la dernière minute, il n’y avait pas de combinaison à mon nom et la seule qui m’allait bien était celle de Marcus Ericsson », rigole le pilote biennois. Comme bien d’autres pilotes européens, à commencer par le Genevois Romain Grosjean, Marcus Ericsson, ancien pilote de Sauber en F1, est allé tenter sa chance aux États-Unis, non seulement en Imsa chez Cadillac, mais également en Indycar.
A propos de Sauber, on rappellera que Chip Ganassi avait disputé les 24 Heures du Mans au volant d’une Sauber C9-Mercedes aux couleurs de Kouros en 1987. Il y faisait alors équipe avec les anciens pilotes de F1 Mike Thackwell et Johnny Dumfries.
Neel Jani a lui aussi été sous contrat avec Sauber, notamment en 2003 et 2004, où il a effectué plusieurs essais privés au volant d’une Sauber de F1. Cela n’a malheureusement jamais débouché sur un engagement en course. Dommage car, à l’époque, Neel Jani avait été courtisé par McLaren. 
En Formule Renault européenne, il s’était en effet révélé plus rapide qu’un certain Lewis Hamilton comme le prouve le classement ci-dessous d’une course disputée sur le Hungaroring en 2002. Neel Jani ne s’y était pas seulement imposé en battant Lewis Hamilton mais il y avait également signé le record du tour en course: 1’40.692 contre 1’40.830 pour le futur septuple champion du monde de F1 !
Crédits des photos : Imsa, Porsche, Neel Jani, Jean-Philippe Rossel et Laurent Missbauer
