À l’occasion des 30 ans de la mort d’Ayrton Senna, décédé le 1er mai 1994 sur le circuit d’Imola, le Musée national de l’automobile de Turin présente, jusqu’au 13 octobre, une magnifique exposition consacrée au pilote brésilien. Celle-ci relate aussi bien l’histoire sportive du champion que l’histoire privée d’un homme qui a conquis le cœur de millions d’admirateurs à travers le monde et, bien entendu, également en Suisse.
L’exposition «Ayrton Senna Forever» ne réunit pas seulement la plupart des voitures pilotées par Senna au cours de sa carrière, de la première Formule Ford de 1981 à la Williams-Renault de 1994, mais également ses kartings, ainsi que la collection la plus complète au monde de ses combinaisons et de ses casques.
A cela s’ajoutent des vidéos, plusieurs lettres manuscrites du champion brésilien, ses gants, ses cagoules, ses modèles réduits, les bandes dessinées de son personnage Senninha et un total de 121 livres, tous consacrés au triple champion du monde trop tôt décédé.
Pour accompagner le tout, un important dispositif visuel agrémente la visite de l’exposition : films et installations audiovisuelles sur grand écran, ainsi que 114 photos prises par les meilleurs photographes, dont Bernard Asset, qui s’était déplacé à Turin à l’occasion du vernissage de l’exposition, le 23 avril, un jour avant l’ouverture au public, et qui nous a présenté son magnifique livre « Ayrton Senna by Bernard Asset », publié chez RedRunner (lire l’encadré ci-dessous).
Outre cette exposition « Ayrton Senna Forever », la plus importante et la plus complète jamais réalisée sur le champion brésilien, plusieurs tables rondes seront mises sur pied au musée. La première se tiendra le jeudi 30 mai, à 18h30, et réunira autour du journaliste Carlo Cavicchi, ancien rédacteur en chef de l’hebdomadaire italien Autosprint et commissaire de l’exposition «Ayrton Senna Forever», plusieurs personnalités, dont l’ancien directeur sportif de Ferrari Cesare Fiorio, l’ancien pilote de F1 Riccardo Patrese et Jo Ramirez qui travailla pendant cinq ans avec Ayrton Senna chez McLaren.
La deuxième table ronde aura lieu le jeudi 20 juin, à 18h30, et réunira notamment les anciens pilotes de F1 Jean Alesi et Erik Comas. On rappellera qu’Erik Comas, qui habite en Suisse depuis plus de 20 ans, ne tarit pas d’éloges sur Ayrton Senna. Ce dernier lui sauva en effet la vie le 28 août 1992, lors des essais du Grand Prix de Belgique.
Né le 28 septembre 1963, Erik Comas est l’un des pilotes les plus titrés de sa génération. Champion de France de Formule Renault en 1986, champion de France de Superproduction en 1987, puis champion de France de F3 en 1988, il remporte en 1990 le championnat international de Formule 3000 et accède l’année suivante en F1, chez Ligier. S’il se distingue en 1992 en entrant trois fois dans les points, avec notamment une 5e place au Grand Prix de France, et en se qualifiant 7e au Grand Prix d’Allemagne, juste derrière Michael Schumacher, c’est son grave accident lors des essais libres du Grand Prix de Belgique qui lui vaut d’être régulièrement associé à Ayrton Senna.
Au volant de sa Ligier, dans le virage de Blanchimont, Comas glisse sur des graviers dispersés quelques instants auparavant par le Finlandais Lehto. Il ne peut éviter de percuter à grande vitesse les glissières avant d’être assommé par une des roues qui, sous la violence du choc, s’est détachée de sa monoplace. Cette dernière revient ensuite sur la piste et s’immobilise au milieu de la chaussée avec, à son bord, son pilote qui a perdu connaissance.
Quelques secondes plus tard, Senna arrive sur place, entend le moteur qui tourne encore à plein régime et s’arrête immédiatement. Comas est certes inconscient mais son pied droit écrase l’accélérateur et sa Ligier risque d’exploser. N’écoutant que son courage, Senna court en direction de la monoplace accidentée et parvient à actionner le coupe-circuit. Bien qu’il souffre d’une commotion, Comas est hors de danger. Allianz a retracé tout cela dans un film réalisé avec le soutien de l’Institut Senna, institut qu’Erik Comas et son épouse Raffaella ont visité à Sao Paulo en compagnie de Viviane et Bianca Senna, respectivement sœur et nièce du champion brésilien.
Régulièrement rediffusés par le site officiel de la F1, les extraits de l’accident de Comas et du sauvetage de Senna ont été visionnés jusqu’ici plus de douze millions de fois ! « La position inclinée de ma tête et le moteur hurlant au rupteur ont fait craindre le pire, mais seul Ayrton s’est arrêté. Son intervention héroïque dans ces premières secondes, bien avant que les commissaires n’interviennent, a été décisive », nous explique Comas.
« Les risques d’incendie, voire d’explosion, étaient réels avec les températures extrêmes découlant du régime moteur, les fuites d’huile et l’absence d’eau dans le circuit de refroidissement », poursuit-t-il. « Après avoir actionné le coupe-circuit, Ayrton m’a ensuite redressé ma tête craignant pour ma vie. C’est seulement vingt minutes plus tard, dans le vol en hélicoptère pour l’hôpital, que j’ai repris connaissance. Et le lendemain, lorsque je suis revenu au circuit pour remercier Ayrton, il se faisait encore du souci pour moi. Il avait raison. J’ai dû attendre deux mois avant d’être pleinement rétabli. »
Crédits des photos : Laurent Missbauer et Archives Comas
« Ayrton Senna by Bernard Asset », un magnifique livre
Imprimé à 1000 exemplaires en français et à 1000 exemplaires en anglais, « Ayrton Senna by Bernard Asset » est ce qu’il convient d’appeler un magnifique livre. Publié par la maison d’édition française RedRunner, il vaut largement son prix de 90 euros. Ce « livre d’art » comporte en effet non seulement de splendides photos, dont plusieurs sont d’ailleurs exposées à l’exposition « Ayrton Senna Forever » du Musée national de l’automobile de Turin, mais également de nombreux témoignages, à commencer par ceux, très touchants, de Jo Ramirez, d’Erik Comas et de Pierre van Vliet, pour n’en citer que trois parmi tant d’autres. Le journaliste Pierre van Vliet, qui suivait à l’époque les grands prix de F1 sur TF1, raconte notamment comment Ayrton Senna tout d’abord, puis sa mère Dona Neyde Senna, l’ont aidé à adopter un enfant brésilien. Enfant qui s’appelle Milton van Vliet, «en hommage à Milton da Silva, le père d’Ayrton Senna », explique Pierre van Vliet dans le livre de Bernard Asset, livre vendu avec une planche-contact qui est signée par Bernard Asset et qui comporte 36 portraits en noir et blanc d’Ayrton Senna. L. M.