Depuis plusieurs années, la semaine des 24h du Mans a une saveur particulière pour Sport-Auto.ch. Présentations, interviews, photos et même un « live texte » sont proposés aux lecteurs pour leur permettre de suivre la course des Suisses engagés. Personnellement, je suis habituellement sur les rallyes, slaloms et courses de côte helvétiques, et n’avais encore jamais goûté à la magie sarthoise. Conscient que cette course est l’un des trois monstres sacrés des courses sur circuit – avec le Grand Prix de Monaco et les 500 Miles d’Indianapolis – impossible de laisser passer l’invitation d’Alpine, me proposant de me rendre au Mans pour suivre la course de l’écurie Signatech Alpine, engagée dans la catégorie LMP2. En ce samedi matin de course, nous sommes encore à plusieurs kilomètres du circuit, mais déjà totalement dans l’ambiance. C’est en effet l’heure du warm-up et les moteurs des bolides engagés dans cette 86e édition des 24h du Mans donnent déjà de la voix. Mon excitation est à son comble, et je me sens comme un lion en cage car pour l’heure, je dois me contenter de ces rugissements. Une fois au circuit, je me rassure très vite en découvrant la loge Alpine et l’emplacement qui nous est réservé ! Existe-il un meilleur endroit pour assister à ses premières 24h du Mans que la mythique courbe Dunlop et sa fameuse passerelle ? Une position dominante sur le premier enchainement du circuit qui promet un somptueux spectacle lors du départ de la course. Cette portion du circuit est un mythe à elle seule puisqu’elle existe depuis la première édition des 24h du Mans. Souvent révisée mais jamais supprimée, elle offre à chaque édition quelques surprises. C’est le premier ralentissement après le départ. Cette année ne fera pas exception, avec une touchette pour la voiture numéro 3 de l’écurie lausannoise Rebellion, qui perdra quelques plumes dès le premier tour. Après un accueil très chaleureux de tout le personnel de chez Alpine, nous nous dirigions en direction du paddock pour une visite du stand Signatech Alpine. Nous sommes à deux heures du départ et, logiquement, tout le staff est en effervescence. On peaufine, on nettoie, on range… chaque détail compte et rien ne semble être laissé au hasard, ni sur la voiture, ni dans le stand. Je lis, sur les visages des hommes en bleu, concentration et détermination. Chacun semble connaître sa partition par cœur. J’en suis déjà convaincu, ils sont là pour la gagne ! Peu avant le départ, nous avons eu la chance d’apercevoir brièvement les trois pilotes qui composent l’équipage de la voiture numéro 36 de l’écurie Alpine. Il est composé d’André Negrao, Pierre Thiriet et Nicolas Lapierre. Ce dernier, Franco-Suisse, qui participe à ses onzièmes 24h du Mans, a le rôle du leader dans l’équipe. Ancien équipier d’un certain Sébastien Buemi chez Toyota en LMP1, il compte déjà deux victoires en LMP2. Riche de cette expérience, Nicolas Lapierre montre la voie aux deux autres pilotes, nettement moins expérimentés. Une heure avant le départ, je rejoins mes quartiers dans la loge Alpine et je constate que les gradins sont maintenant blindés : un foule de passionnés occupe chaque centimètre disponible. L’excitation monte, la tension est palpable… C’est parti ! Les voitures déboulent devant moi dans un vacarme assourdissant, presque étouffé par la clameur du public. Etonnamment, ce sont les GT, les voitures les moins rapides, qui font le plus de bruit. L’atmosphère du Mans s’était mise en marche, pour 24 heures. De longues heures pour les mécaniques et les hommes. Quel bonheur d’assister à cela en spectateur privilégié. Si lors des premiers tours, les bolides arrivent en grappe serrée, rapidement, le peloton s’étire pour bientôt occuper toutes les portions du circuit, avec des bagarres à tous les niveaux. Après quelques heures de course, le soleil rase l’horizon. Un des moments marquant de mes 24h heures. La luminosité est superbe sur les deux courbes Dunlop, un festival de couleurs avec des bolides évoluant sous un ciel magnifique. Que le temps passe vite pour le spectateur que je suis… déjà, la nuit est tombée sur le Mans, m’offrant de nouveau plaisirs. Les voitures surgissent à des vitesses phénoménales, éblouissant tout de leurs puissants phares, puis une fois à ma hauteur les disques de frein se colorent d’un rouge écarlate lors d’un freinage qui me paraît encore plus violent qu’en plein jour. Je ne me lasse pas de voir défiler toute ces voitures, tour après tour. Malheureusement pour moi, mon aventure aux 24h du Mans se termine au milieu de la nuit, lorsque l’on nous invite à rejoindre notre hôtel, situé à une centaine de kilomètres du circuit. Le vol du retour étant prévu dans la matinée du dimanche, je ne pourrai pas assister à la fin de la course. Malgré le très faible nombre d’incidents de course lors de cette édition, je serais bien resté toute la nuit à profiter du spectacle. Cette ambiance, c’est la magie du Mans ! Je comprends maintenant pourquoi tous les grands pilotes rêvent de l’ajouter à leur palmarès. Lors de notre embarquement pour notre retour à Genève, nous regardons, avec mes confrères journalistes, la fin de la course en direct. Pour me concentrer uniquement sur la performance d’Alpine (découvrez notre résumé sur la course ici), l’écurie termine à une belle deuxième place au classement des LMP2. Ce résultat est synonyme de prise des pouvoirs au championnat ! Mais la grosse surprise survient quelques jours plus tard, lorsque les inspecteurs de la FIA annoncent qu’ils ont jugé certaines pièces du système de ravitaillement des vainqueurs non conformes. Le team G-Drive, qui gagnait plusieurs secondes lors de chaque ravitaillement, devrait logiquement se voir retirer sa victoire en LMP2 et Alpine triompher, 40 ans après sa dernière victoire aux 24h du Mans. Personnellement, je ne me pose qu’une seule question : « Quand est ce que j’y retourne ? » Avec nos chaleureux remerciements à Renault et Alpine Cars pour cette invitation aux 24 Heures du Mans 2018. Crédits photos : Baptiste Aebi, Sébastien Moulin / Sport-Auto.ch]]>