La quatrième manche du WRC s’est tenue le week-end dernier aux Canaries. Parmi les 75 équipages engagés, Xavier Craviolini et Yannick Micheloud participaient à leur tout premier rallye dans la catégorie reine, le WRC. Le duo valaisan a réussi à franchir la ligne d’arrivée après avoir parcouru les 300 kilomètres d’épreuves chronométrées.
Sport-Auto.ch s’est entretenu avec Xavier Craviolini au terme de sa course.
Sport-Auto.ch : Vous avez débuté par les reconnaissances qui sont déjà un gros morceau, est-ce que les difficultés sont les mêmes en WRC qu’en Suisse ?
Xavier Craviolini : « Les reconnaissances représentent une étape particulièrement exigeante, tant sur le plan physique que mental. Comparé à la Suisse, les difficultés sont ici amplifiées car nous n’avons droit qu’à deux passages par spéciale. Cela ne laisse aucune place à l’erreur : il faut être concentré à 100 % dès le premier instant.
À cela s’ajoutent les liaisons extrêmement longues entre les Épreuves Spéciales. Pour vous donner une idée, nous avons débuté les reconnaissances le lundi à midi et ne les avons terminées que le mercredi à 18h. Les journées démarraient à 7h30 et s’enchaînaient jusqu’à 18h, avec à peine 20 minutes de pause pour manger et faire le plein.
Malgré cette organisation serrée, nous n’avons pu faire qu’un seul passage sur la dernière spéciale. Autant dire que c’était vraiment juste, et particulièrement stressant ! »
Comment s’est déroulé le rallye ?
« Dans la 1e spéciale, on est parti complètement « déboussolés » et impressionnés par l’environnement du WRC et la foule. Après à peine 2km, on a tapé une bordure…Je pensais qu’on avait crevé mais on s’en est sorti avec une crevaison lente et on a pu terminer cette ES de 28 km sans changer la roue. Ça nous a bien calmé pour la suite et après tout s’est bien passé. On a pris un plaisir énorme sur ces magnifiques routes. Cependant c’était très stressant sur les routiers car il y avait un monde incroyable et le temps imparti était vraiment très court, surtout le dernier jour. »
Peux-tu nous décrire les spéciales ?
« Les spéciales sont extrêmement variées, alternant entre des portions très sinueuses et d’autres larges, rapides et impressionnantes. De nombreuses courbes se referment brutalement, ce qui demande une grande précision dans les notes et le pilotage. Le revêtement, quant à lui, est particulièrement abrasif, offrant un grip exceptionnel comme je n’en avais encore jamais connu.
Les décors sont à couper le souffle, tout aussi variés que les tracés. On évolue souvent au milieu de formations rocheuses, avec en toile de fond l’océan et des palmiers — un contraste saisissant ! Le nord et le sud de l’île offrent des paysages totalement différents. »
Qu’est-ce qui vous a le plus impressionné ?
« Oh là alors de nombreuses choses ! : la grande foule déjà pendant les recos, les demandes d’autographes ou de photos, la présentation du mercredi avec interview en direct, le parc d’assistance avec toutes les équipes d’usine, la gentillesse et la passion des spectateurs, l’arrivée avec un monde incroyable qui t’applaudit que tu sois 1er ou dernier. C’est vraiment un autre monde ! »
Quel conseil donneriez-vous à vos amis équipages suisses, est-ce que le budget conséquent vaut la peine de faire une manche en WRC ?
« Qu’il faut croire en ses rêves et se donner les moyens pour les réaliser. On ne vit qu’une fois et même si le budget est conséquent, ça vaut la peine de vivre une telle expérience ! C’était juste incroyable et irréel pour nous ! De plus, le rallye est un des seuls sports où tu peux participer à une manche du Championnat du Monde et côtoyer les meilleurs pilotes du monde, sans passer par des qualifications au préalable. Cela serait inimaginable dans un sport tel que le foot ou le hockey ! »
Quel rallye en WRC ou à l’étranger sera le prochain, ou serait dans le viseur ?
« Notre prochain rallye à l’étranger sera déjà ce week-end à Aosta en Italie ! Donc à peine le temps de rentrer à la maison pour défaire les valises, faire quelques lessives, bosser un peu…et c’est déjà reparti ! Sinon si je devais refaire un rallye en WRC, je referais certainement celui qu’on vient de faire. »
Crédit photo : Xavier Craviolini archives




