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Entretien avec Cyril Henny – Retour sur une remarquable carrière !

Cyril Henny est l’un des pilotes les plus brillants qui a roulé sous les couleurs suisses. Malheureusement, il n’a jamais eu le petit coup de pouce pour le propulser en tant que pilote officiel. Cela fait 18 ans que Cyril Henny a mis un terme à sa carrière rallystique et nous pouvons nous demander si nous le reverrons un jour courir. Sport-Auto.ch s’est entretenu avec Cyril Henny.   Sport-Auto.ch : Peux-tu te présenter brièvement ?

Cyril Henny : « Je m’appelle Cyril Henny et j’ai 50 ans. Mon père a toujours été fan des sports motorisés. J’ai commencé le motocross lorsque j’avais 12 ans. J’ai été licencié durant deux années avant que je me casse la clavicule. Puis je suis passé au monde des 4 roues. »
Comment a débuté ta carrière ?
« J’ai commencé en slalom durant deux saisons avec une Opel Cadet GTE en non licencié. Au bout d’un moment je trouvais que le slalom, ça allait un moment mais il manquait quelque chose. Je me suis lancé en rallye durant deux saisons au volant d’une Opel Manta GT/E. En 1993, lors de la dernière manche du championnat, je suis sorti de la route et la voiture était détruite. Ensuite, j’ai eu la chance qu’on me propose de faire le Rallye du Condroz au volant d’une Mazda 323 GT-R. Ce week-end a démontré ma pointe de vitesse puisque j’ai réalisé une belle performance pour une première en Belgique. »
Comment la suite s’est enchainée ?
« Après le Condroz, la personne qui m’avait prêté la Mazda m’a proposé que je l’aide à faire la voiture au garage et en échange, il me donnait un coup de main à trouver des sponsors. J’ai pu donc disputer quelques rallyes en 1994 et 1995 tout en progressant sans brûler les étapes. En 1996, j’ai pris part au Monte-Carlo, j’ai signé de très bons chronos avant de devoir renoncer suite à une casse mécanique. Ensuite, il y a la même année de nouvelles réglementations. Peugeot a misé sur quelques équipages dont moi. La première année ne fut pas bonne puisque l’automobile ne fut pas fiable. En 1997, j’ai retrouvé ma Peugeot 306 Groupe A, elle était beaucoup plus fiable. Cette année fut magique puisque j’ai remporté mon premier titre de champion de suisse des rallyes. En 1998, nous avons transformé la voiture en 306 Maxi. J’ai d’ailleurs remporté mon second titre. »
Par la suite, tu es parti tenter ta chance en France ?
« C’est exact, je ne voulais pas enchainer les titres. Je voulais me battre contre des adversaires de haut niveau car je savais que c’était la meilleure manière pour progresser. En 1999, j’ai trouvé des sponsors qui étaient d’accord de me faire rouler sur le sol français. J’ai terminé deuxième du championnat amateur et troisième du championnat de France des rallyes. En 2000, j’ai continué en France avec l’espoir d’aller chercher ce titre amateur et de me faire repérer. J’ai malheureusement eu deux casses moteurs ce qui m’a enlevé toutes mes chances. C’est vraiment dommage car on termine tout de même deuxième du championnat amateur alors que nous étions supérieurs. »
En 2001, tu as débuté ta carrière en mondial ?
« En 2001, je suis parti avec Citroën. J’avais pour but de rouler et de faire le championnat avec la Citroën Saxo S1600. Cette année n’a pas été comme je l’espérais, les constructeurs avaient constamment des retards dans les pièces. Je recevais les pièces un jour avant la course. Nous avons rencontré lors des deux manches des problèmes mécaniques. Après deux échecs, J’ai exigé une séance avec Citroën. Je voulais recevoir des pièces en avance, avoir la chance de faire des tests et avoir surtout une voiture fiable et qui marche. Je ne voulais pas aller en Finlande sans rouler. Quelque temps après la séance, Citroën m’a recontacté pour m’informer qu’il n’y arrivait pas. »
 Comment cela s’est terminé ?
« En 2002, je suis reparti en Championnat de France avec une Peugeot 206 S1600. Encore une fois, je n’ai pas été gâté. Nous avons eu des problèmes mécaniques régulièrement. Le souci était que Peugeot Sport alignait également des voitures et il ne voulait pas donner les bonnes pièces à leurs concurrents. En fin de compte, j’arrivais au bout de ce que je pouvais donner. Après la dernière manche, j’ai eu la chance de tester la Renault S1600. Dès que François Delecour avait terminé ses tests pour les magazines français, c’était mon tour. Je suis monté dans la voiture et j’ai eu un feeling invraisemblable. Après deux passages, j’étais plus rapide que François Delecour sur une base qu’il connaissait par cœur. Les ingénieurs étaient quelque peu sur les fesses et ils m’ont proposé de devenir pilote d’essai. De 2003 à 2005, je testais toutes les Renault sur tout type de terrain pour la mise au point. »
Quel est ton plus beau souvenir de ta carrière rallystique?
« Il est dur d’en donner qu’un. Je pense que le premier titre de champion suisse des rallyes a vraiment été spécial. Ce sacre a été une consécration de tout mon travail. Le second serait d’avoir réalisé des scratchs sur des manches du championnat de France. Cette envie de constamment rechercher la performance et de me confronter face aux meilleurs. »
Avec le recul que tu as désormais, que penses-tu qu’il t’a manqué pour rouler pour un gros constructeur ?
« Je pense que ma nationalité m’a quelque peu handicapé. Nous sommes un petit pays, nous n’avons pas de constructeur. Si l’on fait un petit exemple avec Sébastien Loeb, nous étions à la même avancée dans notre carrière. Il avait le soutien de la Fédération Française et de Citroën. Il est monté vers le haut et moi je suis tout simplement tombé… »
Par la suite, tu as eu « une reconversion », tu es devenu ouvreur ?
« Après le rallye, je n’étais pas bien lorsque j’étais loin des courses, je n’étais pas bien lorsque je voyais passer les voitures. Lors d’une course, j’ai pu aller aider des amis à l’assistance. J’ai sympathisé avec Olivier Marty. Il m’a finalement proposé de devenir ouvreur pour lui et j’ai accepté. J’ai ouvert quelques années en France, quelques années pour Didier Postizzi et je suis encore ouvreur à ce jour pour Cédric Althaus. »
En quoi consiste ton travail d’ouvreur ?
« C’est une véritable correction des notes. On fait un choix de pneu. On regarde comment est le terrain quelques heures avant le départ de la spéciale. Je discute également avec le team du pilote pour les réglages. Un ouvreur est également là pour le coaching. Calmer son pilote. « 
Est-ce qu’on reverra un jour Cyril Henny au volant d’une voiture comme une R5 en championnat de Suisse ?
« Il ne faut jamais dire jamais. On ne sait jamais si une opportunité se présente sans se prendre la tête. »
Crédit photo : Videorace – EWRC – NA-Rallye]]>

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