Robin Faustini domine St-Ursanne Les Rangiers

Le Championnat suisse de course de côte 2025 prend des allures de véritable « one-man-show ». Sur le tracé mythique des Rangiers, Robin Faustini a, une fois encore, écrasé la concurrence. Ni même le multiple champion d’Europe Christian Merli n’a pu inquiéter sa suprématie. Dans la catégorie des voitures de tourisme, c’est Christoph Zwahlen qui s’est imposé, profitant de l’abandon de Simon Wüthrich, victime d’un violent accident.

Quelle épreuve ! La 80ᵉ édition de la classique St-Ursanne – Les Rangiers restera dans les annales comme une course émaillée par de multiples interruptions. Les deux manches ne se sont achevées que tard dimanche soir, à 20 heures précises. La nuit était déjà tombée lorsque les pilotes purent enfin recevoir leurs trophées.

Les deux figures de proue des voitures de tourisme, Stephan Burri (VW Scirocco) et Simon Wüthrich (VW Golf), furent les malheureux protagonistes de longues neutralisations. Tous deux virent leur participation s’achever dans le mur de sécurité, mais c’est surtout Wüthrich qui put se féliciter d’avoir eu son ange gardien à ses côtés. Lors de la première manche, l’Emmentalois s’était illustré comme le plus rapide de sa catégorie avec un temps de 2:07,289 minutes. La seconde manche, en revanche, s’arrêta brutalement au « Grippon », portion la plus rapide du tracé. « Peu après le départ, la voiture est devenue instable, explique Wüthrich. Avant le passage souterrain, l’arrière s’est soudain dérobé ; j’ai heurté la glissière à angle droit, traversé la chaussée et fini ma course contre le mur. » Bien que son véhicule fût réduit à l’état d’épave – le toit enfoncé –, le pilote put s’extirper indemne. « La saison est terminée pour moi, la voiture est irrécupérable », confiait le leader provisoire du championnat. Même constat pour Burri, dont l’année sportive semble compromise : déjà accidenté à Anzère, il endommagea cette fois-ci l’avant gauche de sa Scirocco après avoir perdu le contrôle de l’arrière dans le Jura.

Dans les voitures de tourisme, c’est finalement un vétéran de la montagne qui triompha : Christoph Zwahlen. Le pilote Porsche, ancien champion de slalom, réalisa un parcours d’anthologie en 2:07,640 minutes lors de la première manche, et confirma en dessous de la barre symbolique des 2:10 lors de la seconde. Son temps cumulé de 4:16,875 minutes lui assura plus de deux secondes d’avance sur Danny Krieg (VW Golf Rally), seul autre pilote à franchir deux fois la limite des 2:10. Krieg, vainqueur de la classe E1 jusqu’à 2 litres, engrangea 25 précieux points qui le propulsèrent en tête du classement général, profitant de l’abandon de Wüthrich. La lutte pour la troisième marche du podium offrit un duel pittoresque : « Speedmaster », sur BMW M3 GT3, devança Sébastien Coquoz et son Opel Kadett d’époque pour seulement 0,27 seconde.

Dans les voitures de sport, les frontières chronométriques furent repoussées. Jusqu’alors, franchir la barre des 1:45 minutes relevait de l’exception. Seuls Faustini et Marcel Steiner avaient accompli cet exploit en 2023. Ce week-end, l’Argovien s’est surpassé : 1:41,381 minute dès la première manche, puis 1:40,589 minute dans la fraîcheur du soir. Il échoua de peu à battre le record du circuit de Merli (1:39,201 en 2022), mais son progrès de 2,4 secondes par rapport à 2024 en dit long sur sa performance. Derrière lui, Steiner accusa plus de cinq secondes de retard malgré un honorable 1:43,225.

L’Allemand Alexander Hin, au volant de l’ancienne Osella de Merli, s’intercala entre Faustini et Steiner, mais ne marqua aucun point pour le championnat national. La troisième place helvétique revint à Michel Zemp, éblouissant dans sa Norma 2 litres avec un chrono de 1:45,480, soit presque au niveau de Joël Volluz sur Nova-Judd 3 litres, contraint à l’abandon sur ennui mécanique.

Dans la catégorie des monoplaces jusqu’à 2 litres, Roland Bossy s’imposa avec sa Tatuus Formule 2, devant Frédéric Fleury (Dallara F3) et Anthony Gurba (Formule Renault).

Comme unique manche suisse inscrite au calendrier européen, Les Rangiers permirent une confrontation directe entre l’élite nationale et continentale. Mais là encore, Faustini régna en maître. Certes, les concurrents du championnat d’Europe roulaient avec restricteurs, amputant leur puissance d’environ 120 à 130 chevaux, selon Merli lui-même. Le Sud-Tyrolien, trois fois vainqueur de l’épreuve, dut s’incliner : « Contre les turbos, la tâche était ardue. Robin a piloté de main de maître, nous savions dès le départ qu’il serait intouchable. » Le bilan le confirme : Faustini acheva ses deux manches en 3:21,970 minutes, Merli en 3:24,082.

En tourisme européen, Ronnie Bratschi, licencié tchèque, établit un nouveau record en 1:53,522 minute, reléguant Reto Meisel à la deuxième place malgré un temps remarquable de 1:54,218.

Enfin, dans la Renault Classic Cup (jusqu’à 2 litres), Thomas Zürcher s’imposa une fois de plus devant Michael Schläpfer et Philip Krebs. Le plus rapide des pilotes TCR fut Jérôme Nicolet sur Peugeot 208, récompensé pour ses efforts à peaufiner l’électronique de son bolide en amont de l’épreuve.