Thierry Neuville triomphe à Djeddah, Sébastien Ogier entre dans la légende – récit d’une finale WRC 2025 hors norme

La dernière manche du Championnat du monde des rallyes 2025, disputée pour la première fois en Arabie Saoudite, aura offert un scénario d’une intensité rare : basculements de classement à répétition, crevaisons en cascade, drames en fin de journée… et deux histoires majeures qui se croisent : la victoire de Thierry Neuville, enfin de retour au sommet après une saison éprouvante, et le neuvième sacre mondial de Sébastien Ogier, qui rejoint Sébastien Loeb dans l’histoire.

Jour 1 – Sous les projecteurs de Djeddah

Le rallye s’ouvre de nuit, sur l’asphalte de la Super Special. Ott Tänak frappe d’entrée en signant le meilleur temps, mais derrière lui, le duel pour le titre s’installe déjà : Sébastien Ogier prend l’avantage sur ses adversaires directs Elfyn Evans et Kalle Rovanperä, légèrement en retrait sur cette mise en jambes urbaine. Aucun incident majeur : le calme avant la tempête désertique du lendemain.

Jour 2 – Adrien Fourmaux prend les commandes, Sébastien Ogier prend l’avantage au championnat

Le jeudi dans le désert s’avère bien plus chaotique. Crevaisons, pierres traîtresses, pneus délaminés : un terrain impitoyable qui rebâtit le classement à plusieurs reprises. Adrien Fourmaux résiste le mieux au chaos et s’empare de la tête, devant Sami Pajari et Martins Sesks.

Dans l’ombre de la lutte pour la victoire, le duel décisif du championnat tourne déjà : Elfyn Evans souffre en ouvrant la route, glissant jusqu’au neuvième rang, tandis qu’Sébastien Ogier, prudent et méthodique, termine septième et prend provisoirement un point d’avance au général.

Thierry Neuville, malgré un pare-brise fissuré et un pneu lentement crevé, reste en embuscade en cinquième position.

Jour 3 – Coup de théâtre : Martins Sesks hérite de la tête, le titre se joue à un fil

Vendredi, la course devient folle. Les leaders échangent leurs positions au rythme des crevaisons. Sesks signe un temps canon pour prendre la tête… avant d’être ralenti par un pneu à plat. Adrien Fourmaux reprend l’avantage, mais un contrôle horaire franchi une minute trop tôt lui coûte 60 secondes : il chute au quatrième rang.

C’est alors Sesks qui vire en tête devant Thierry Neuville, revenu dans le match, et Takamoto Katsuta.

Derrière, le championnat se joue au millimètre puisqu’ Elfyn Evans perd plus dune minute et demi sur une crevaison et sombre au huitième rang, dans le même temps Sébastien Ogier, est lui aussi victime d’une crevaison lente et ne parvient pas à dépasser Rovanperä (lui aussi en délicatesse avec ses pneumatiques)… mais conserve une avance d’un point au classement avant la dernière journée.

Tout reste à décider : la victoire, le podium… et la couronne mondiale.

Jour 4 – Thierry Neuville s’impose, Sébastien Ogier devient nonuple champion

La dernière matinée est explosive. Sur la longue spéciale d’Asfan, tout bascule : Martins Sesks et Kalle Rovanperä sont ralentis par des crevaisons, Takamoto Katsuta part en tonneaux, et Sébastien Ogier réalise une remontée impériale jusqu’à la 3e place provisoire, plaçant le titre à portée de main.

La Power Stage, finalement, n’est qu’une formalité : Sébastien Ogier la gère avec l’expérience des très grands, malgré la victoire dans cet ultime chrono d’Elfyn Evans, et décroche son neuvième titre mondial, le premier avec Vincent Landais à ses côtés, un record qu’il partage avec Sébastien Loeb.

Devant, Thierry Neuville a pris les rênes dès l’ouverture du jour et, malgré des soucis d’amortisseur, remporte son premier succès de la saison, avec près d’une minute d’avance. Adrien Fourmaux, brillant malgré son erreur de la veille, offre un superbe doublé à Hyundai. Si Oliver Solberg complétait le top 10 avec la Toyota Rally 2, il n’était pas engagé en WRC2 et la victoire dans la catégorie revenait à Gus Greensmith, Matteo Fontana s’imposait en WRC3.

Thierry Neuville : « Ça faisait longtemps, mais ça fait du bien d’être de retour sur la plus haute marche, surtout en clôture d’une saison si compliquée. Toute l’équipe a travaillé dur, et ce doublé compte énormément. Maintenant, on doit se concentrer sur 2026 : apporter des évolutions, améliorer l’organisation interne… On a beaucoup appris, et il faut transformer ça en performance. »

Sébastien Ogier : « Quelle saison, et quel combat avec Elfyn et Scott ! On ne devient un grand champion qu’en affrontant de grands adversaires. Je suis fier de cette équipe, de l’énergie incroyable de Vincent, qui me fait presque rajeunir. Je n’aurais jamais imaginé décrocher un neuvième titre après avoir choisi de passer plus de temps en famille. Je suis très heureux de l’accueillir dans le club des champions du monde. »

Cette première édition du Rallye d’Arabie Saoudite aura été un condensé de tout ce que le WRC peut offrir : vitesse, imprévus, bagarres acharnées… Même si les crevaisons à répétition ont été aussi une loterie, dans des paysages magnifiques faisant penser à un rally-raid.

Rendez-vous en 2026 pour un nouveau chapitre du WRC, dès le Monte-Carlo. Si le remplaçant d’Ott Tänak chez Hyundai Motorsport n’est toujours pas connu, en revanche Oliver Solberg remplacera Kalle Rovanperrä chez Toyota.