WRC - Rovanperä s’impose après un duel dantesque en Europe Centrale

Le décor du Rallye d’Europe Centrale, douzième manche du Championnat du monde des rallyes 2025, s’étendait sur trois pays — Allemagne, Autriche et République tchèque — et a offert quatre jours de spectacle, de tension et de drames. Si Sébastien Ogier avait pris les devants lors de la première journée, son abandon spectaculaire a ouvert la voie à son jeune coéquipier Kalle Rovanperä, qui s’est imposé au terme d’un week-end plein de rebondissements.

Jour 1 – Ogier ouvre le bal sous un ciel clément

La première journée, courte mais intense, a vu Sébastien Ogier et Vincent Landais donner le ton dès les deux premières spéciales autour de Bad Griesbach. Profitant de routes propres et d’une confiance immédiate dans sa Toyota GR Yaris Rally1, le Français s’est emparé de la tête du classement provisoire avec 1,6 seconde d’avance sur son équipier Kalle Rovanperä.

Derrière les deux Toyota, Adrien Fourmaux (Hyundai) restait à l’affût à moins de quatre secondes, preuve que les écarts resteraient infimes sur cet asphalte piégeux. « Je suis satisfait du ressenti et du rythme », confiait Sébastien Ogier. « Mais demain, les choses sérieuses commenceront vraiment. »

De son côté, Kalle Rovanperä, déjà dans le rythme, se montrait prudent : « Les écarts sont faibles, mais on est bien placés. Demain sera plus difficile. » Un prologue parfait pour annoncer la bataille qui allait suivre.

Jour 2 – Duel fratricide chez Toyota

Vendredi, la caravane du WRC traversait pour la première fois les trois nations hôtes, pour une journée de près de 100 kilomètres chronométrés. Et quelle journée ! Ogier et Rovanperä se sont livrés à un duel millimétré, ne cessant de s’échanger les meilleurs temps.

Les deux hommes ont fait la différence sur la nouvelle spéciale de Col de Jan, en République tchèque, un morceau de bravoure aussi glissant que piégeux. Ogier signait le meilleur temps lors du premier passage, avant que Rovanperä ne réplique sur la boucle suivante, dans des conditions qui se dégradaient pour les poursuivants. De leurs côté, Thierry Neuville et Grégoire Munster allaient être victime de la même bosse. Mais, si la Hyundai pouvait continuer après une perte de temps consécutive à une crevaison, la journée de la Puma s’arrêtait là, Grégoire Munster et Louis Louka étaient contraint d’abandonner en raison d’une double crevaison et une seule roue de secours.

Le tandem Toyota creusait un écart conséquent, reléguant Elfyn Evans à près de trente secondes. « Nous avons dû attaquer toute la journée pour rester en tête, et ça a payé », souriait Ogier à l’arrivée. Rovanperä, lui, restait serein : « Partir derrière n’était pas idéal, mais nous sommes bien placés pour la suite. »

Jour 3 – Le tournant : Ogier à la faute, Rovanperä prend le pouvoir

Samedi matin, sous un ciel gris et des routes tchèques traîtresses, le scénario du rallye basculait. Leader au départ, Sébastien Ogier perdait l’arrière de sa Toyota dans la spéciale de Keply, heurtait un arbre et arrachait une roue. Fin de partie pour le champion français, déjà victime d’un sort similaire l’an passé.

« Nous avons crevé à l’avant gauche, et un capteur défaillant nous a empêchés de le détecter. La voiture ne tournait plus », expliquait Ogier, déçu mais philosophe.

Rovanperä, jusque-là engagé dans un mano a mano captivant avec son aîné, héritait de la tête et contrôlait ensuite la journée sans commettre d’erreur. L’Estonien Ott Tänak hissait sa Hyundai au deuxième rang au prix d’une grosse attaque, tandis qu’Elfyn Evans complétait le podium provisoire.

« Ce fut une bonne journée », confiait le Finlandais, prudent malgré sa position dominante. « L’après-midi a été un peu plus difficile, mais tout reste à jouer demain. »

Jour 4 – Rovanperä s’impose, Ogier se console, Toyota championne

Dimanche, Kalle Rovanperä et Jonne Halttunen ont bouclé le travail avec autorité, remportant le Rallye d’Europe Centrale devant Elfyn Evans et Ott Tänak. Devant près de 100 000 spectateurs, le Finlandais a signé sa première victoire sur asphalte cette saison, tandis que Toyota célébrait un nouveau titre mondial Constructeurs avec deux manches encore au calendrier.

Kalle Rovanperä : « Félicitations à toute l’équipe. Remporter à nouveau le championnat des constructeurs prouve que nous sommes la meilleure équipe. Tout le monde travaille super bien ensemble, alors merci. Ce fut un très bon week-end pour nous. C’était agréable de retrouver l’asphalte et nous avions un rythme plutôt soutenu. Nous avons donc fait un excellent travail. Le championnat des pilotes ne sera pas facile, mais ce résultat nous a au moins permis d’augmenter nos chances et nous allons essayer de poursuivre sur cette lancée lors du prochain rallye au Japon. »

Elfyn Evans, reprenait la deuxième place ce dimanche, et engrangeait de précieux points — dix-huit et huit supplémentaires grâce à sa performance lors du « Super Sunday » et de la Power Stage — lui permettant de prendre les commandes du championnat avec 247 unités. Rovanperä et Ogier se retrouvent à égalité avec 234 points, promettant une fin de saison explosive entre les trois pilotes Toyota.

Ogier, reparti après les réparations sur sa Yaris, a brillé lors de la dernière journée : vainqueur du « Super Sunday » et de la Power Stage, il a limité la casse en récoltant dix points bonus. En revanche, c’est un rallye à oublier pour Thierry Neuville et Martjin Wydaeghe qui étaient contraint à l’abandon après un contact avec un pont provoquant l’annulation de la première spéciale du dimanche.

En WRC2 et Junior WRC : les héros locaux à l’honneur

En Rally2, Oliver Solberg a dominé la catégorie de bout en bout, mais c’est le duo tchèque Jan Černý / Ondřej Krajča (Skoda Fabia RS) qui s’est adjugé la victoire WRC2 officielle, devant leurs compatriotes Filip Mareš et Radovan Bucha.

Chez les Juniors, les Australiens Taylor Gill et Daniel Brkic ont profité de la sortie d’Ali Türkkan pour s’imposer dans la catégorie Ford Fiesta Rally3.

À noter la belle performance de la pilote allemande Claire Schönborn, meilleure représentante locale, qui termine 17ᵉ au général et 5ᵉ du Junior WRC : « Une saison en montagnes russes, mais une expérience inoubliable », confiait-elle, émue à l’arrivée.

Evans en position de force avant le sprint final du WRC

À deux manches de la fin du championnat du monde des rallyes, Elfyn Evans occupe la tête du classement avec 247 points, bien placé pour décrocher son premier titre mondial. Ses coéquipiers chez Toyota, Sébastien Ogier et Kalle Rovanperä, suivent de près, respectivement à 13 points du Gallois. Il reste encore 70 points à distribuer lors des deux dernières épreuves : le Rallye du Japon (6 au 9 novembre) et celui d’Arabie Saoudite en fin de mois. En embuscade, Ott Tänak accuse un retard de 50 points — un écart qui le maintient mathématiquement en lice, mais rend ses chances de titre extrêmement minces.