PORSCHE 911 TARGA 4S
vs
ALFA ROMEO 4C SPIDER

Le duel Sport-Auto.ch du 8 juin 2017

Rédaction : Bob de Graffenried, Sébastien Moulin
Photographies : Sébastien Moulin, Bob de Graffenried

Cheveux au vent : oui mais comment  ?

Deux Targa, en même temps, mais par hasard ! Il ne nous en fallait pas plus pour nous mettre à sauter d’un volant à l’autre lors des essais respectifs de l’Alfa Romeo 4C Spider et de la Porsche 911 Targa 4S. On roule, on s’arrête, on photographie, on filme même. « Tu as vu cette opposition de style ? » me lance Sébastien. « Et si on faisait un comparatif ? », enchaînai-je à l’arrêt suivant, ironique…  Après 377 clichés et autant de kilomètres de spéciales du rallye du valais avalés, c’était clair : opposer deux voitures, certes sportives, mais en même temps si différentes, était-ce vraiment une idée si farfelue ? Nous tentons l’expérience dans le but de mettre en exergue les défauts et qualités respectifs de ces deux sportives d’exception !

Porsche 911 Targa 4S

0-100 km/h : 4.0 sec
Vmax : 301 km/h
4×4
6 cyl. 3.0L bi-turbo
420 ch / 500 Nm
1’600 kg
dès CHF 141’300.-

Alfa Romeo 4C Spider

0-100 km/h : 4.5 sec
Vmax : 258 km/h
propulsion
4 cyl. 1.75L turbo
240 ch / 350 Nm
940 kg
dès CHF 81’000.-

Remarque concernant nos duels : les notes accordées ici ne devraient pas être comparées avec celles figurant dans d’autres duels. Elles n’ont de sens que pour départager les véhicules du présent comparatif.

Look

Très exubérante, l’Alfa Romeo 4C Spider possède une sensualité folle à laquelle il est difficile de ne pas succomber. En face, la Porsche 911 Targa 4S opère avec plus d’élégance et se repose presque tranquillement sur ses acquis, qui ne l’oublions pas, reposent sur une base solide vieille de 54 ans ; on ne change pas une équipe qui gagne !

Concrètement, il est difficile de départager les deux véhicule sur le plan du look, les deux étant très photogéniques et assumant pleinement leur vocation de sportives jusqu’au bout des jantes.

Porsche : 5/5

Alfa Romeo : 5/5

Position de conduite           

Grâce aux sièges à multiples réglages électriques (CHF 2’760.-) et à un espace bien supérieur, l’allemande devance l’italienne dans ce chapitre. Cependant, à condition de ne pas mesurer plus de 190 cm et de renoncer à toute notion de confort, il n’y a pas de quoi être déçu du siège à hauteur fixe de l’Alfa Romeo 4C, car le volant est réglable en hauteur et en profondeur et le pédalier est très bien placé.

Porsche : 5/5

Alfa Romeo : 3/5

Ergonomie des commandes           

Sur ce point, les deux véhicules ne jouent pas vraiment dans la même catégorie… On a néanmoins trouvé un défaut chez l’allemande : le bouton permettant d’activer le chauffage du volant est situé sur la jante de celui-ci mais derrière et donc invisible pour qui ne le sait pas. Mais tout le reste est si convaincant qu’il est difficile de lui ôter un point pour cela. A côté, l’Alfa Romeo 4C n’est pas illogique dans son utilisation mais pêche plutôt par la qualité des matériaux employés pour certains boutons ainsi que des informations affichées sur l’ordinateur de bord, moins complètes que dans l’allemande.

Porsche : 5/5

Alfa Romeo : 2/5

Modes de conduite           

Porsche : 5/5

Alfa Romeo : 3/5

Si de par son poids plume (940 kg), l’Alfa Romeo 4C Spider se passe sans problème du châssis actif présent sur la Porsche 911 Targa 4S de série (système PASM), on regrette que l’échappement sport lui, soit « sport » en permanence. Carrément jouissif en conduite sportive, celui-ci peut s’avérer fatiguant à bas régimes et rend toute tentative de discrétion totalement vaine. Dépourvu de direction assistée, l’italienne ne propose pas non plus de variation de la résistance de sa direction, ce qui la rend un peu moins maniable en ville. Pour le reste, les deux voitures proposent différents modes de conduites permettant de faire varier la réactivité du moteur et les aides à la conduite en fonction de son humeur et des routes empruntées.

Habitabilité/polyvalence       

Compte tenu du segment, l’allemande offre le maximum de ce qu’il est possible d’espérer : deux places avant généreuses, complétées par deux sièges arrière qui peuvent emmener deux enfants, ou deux adultes pour un cours trajet. Par rapport à la 911 coupé, la Targa permet en outre d’ouvrir son hayon afin d’accéder facilement à la plage arrière. Proposée uniquement en traction intégrale, la Porsche 911 Targa 4S peut également s’utiliser toute l’année.

Rien de tout cela dans l’Alfa Romeo 4C Spider, qui se veut être une auto radicale et pensée uniquement pour la ballade sportive. Le coffre est minuscule (110 litres contre 285 pour l’allemande) mais permet – heureusement – d’y installer une valise de cabine en plus du toit une fois celui-ci minutieusement replié. En imaginant un usage journalier, elle se rattrape néanmoins par sa consommation nettement inférieure à celle de la Porsche, victime de ses 600 kg supplémentaires et de sa traction intégrale permanente.

Porsche : 5/5

Alfa Romeo : 2/5

Sonorité          

Porsche : 3/5

Alfa Romeo : 5/5

La sonorité est modulable dans la Porsche 911 Targa 4S grâce à la présence de l’échappement sport (CHF 3’180.-). Son timbre est à la fois sportif et feutré, laissant émerger d’innombrables borborygmes en mode sport, et le bruit de la suralimentation est à peine perceptible. Mais même en mode sport, il nous en manque un peu, surtout lorsque les vitres sont fermées. De son côté, la marque au serpent a fait très fort avec l’échappement sport (pack racing à CHF 2’750.-) de l’Alfa Romeo 4C : si il lui fait perdre un point sur le chapitre des modes de conduite, en mode « attaque », il procure un son plus libéré, plus fort et plus aigu que celui de la Porsche, et vous immerge dans le monde de la compétition automobile ! Un résultat pour le moins surprenant d’autant plus qu’il s’agit d’un moteur de seulement 4 cylindres.

Toucher de route          

L’italienne devance l’allemande dans ce chapitre, livrant plus de sensations et impliquant plus son pilote dans l’expérience. Sa direction non assistée informe son pilote de toutes les irrégularités de la chaussée, et se durcit de manière très perceptible lorsque l’on inscrit la voiture en courbe sur un léger frein afin de charger le train avant. A l’inverse, elle devient ultra légère lors d’une accélération précoce en sortie, signe que le sous-virage nous guette ! Le pilotage est instinctif et virile, et le châssis impressionne de par sa capacité à se jouer des compressions à rythme élevé. Très agile, l’Alfa Romeo 4C offre une conduite sans filtre alors que la Porsche 911, en parfaite GT dans l’âme, même commutée en mode Sport+, est nettement moins radicale que l’Alfa Romeo 4C de part de son confort et son poids supérieur. Non pas qu’elle soit moins rapide ni moins efficace ! Mais plutôt, moins « sensationnelle » que l’italienne.

Porsche : 7/10

Alfa Romeo : 9/10

Agrément moteur/boîte         

Porsche : 9/10

Alfa Romeo : 6/10

Si les puristes ont hurlé au scandale lors du passage de toute la gamme 911 à la suralimentation, les prestations du nouveau flat six 3.0L bi-turbo impressionnent. Ce moteur est doué d’un agrément quasi hors pair à tous les régimes. Autant en conduite tranquille, il offre une souplesse et une réactivité dès les plus bas régimes (on évolue sans problème à 1’000 trs/min), autant il prend aisément ses tours en conduite sportive jusqu’au rupteur et ne donne jamais l’impression de s’essouffler. Si la boîte PDK à 7 rapports offre également des prestations de tout premier ordre – et ce quel que soit le mode choisi – le seul léger bémol est un étagement un peu long, ce qui est encore plus le cas lorsque l’on choisit la boîte manuelle qui n’est équipée que de 6 rapports.

En face, l’Alfa Romeo 4C Spider livre une prestation honorable et il est tout-à-fait possible d’envisager un usage quotidien : la boîte TCT à 6 rapports est cohérente dans ses réactions et parfaitement étagée pour les petites routes. Mais même si elle n’est jamais brutale, elle n’offre pas la même plage d’appréciation que la boîte PDK de Porsche, tant au niveau du confort que de la rapidité. Quant à son petit moteur 4 cylindre de 1’750 cm3, il accepte d’être travaillé dans une plage moins large, étant à la fois moins souple à bas régimes et moins fougueux dans les tours que le 6 cylindres 3.0L bi-turbo de l’allemande.

Dans l’Alfa Romeo, le rupteur sur le 2ème rapport est atteint à moins de 100 km/h, ce qui explique en partie que le 0-100 km/h soit effectué en 4.5 secondes contre 4.0 secondes pour la Porsche qui revendique un rapport poids/puissance équivalent, mais qui franchit la barre des 100 km/h sur le 2ème rapport. A basses vitesses, on a pourtant l’impression que l’Alfa Romeo pousse plus : c’est justement grâce à l’étagement plus serré de sa boîte TCT ainsi que de son châssis qui procure plus de sensations. A hautes vitesses c’est l’inverse : la réalité saute aux yeux et l’allemande apparaît plus performante.

Prix/équipements         

Porsche : 4/10

Alfa Romeo : 6/10

Par rapport à la concurrence, aucune de ces deux voitures n’excelle dans la recherche du meilleur rapport prix/performances. Bien que son équipement soit nettement moins riche, nous attribuons deux points supplémentaires à l’italienne qui offre plus de sensations et des performances assez proches pour un prix presque deux fois inférieur à celui de l’allemande dont le tarif de certaines options est toujours sujet aux critiques.

TOTAL

48/60

Porsche 911 Targa 4S

41/60

Alfa Romeo 4C Spider

L’avis de Sport-Auto.ch

Difficile de trancher entre ces deux autos tant elles sont différentes dans leur domaine d’utilisation. C’est logiquement que la Porsche devance l’Alfa Romeo sur le décompte final, car elle est une voiture plus complète, mieux finie, et qui offre des performances et un agrément de conduite sans reproche, pouvant être utilisée toute l’année. Une véritable GT ! Mais attention, car entre sa sonorité bestiale et les sensations procurées par son châssis léger et très réactif, l’italienne a plus d’un tour dans son sac et peut impressionner plus que la Porsche, en particulier sur les petits cols sinueux. Plantez-lui une boîte manuelle et vous obtiendrez une auto aussi radicale qu’une Lotus Elise S, c’est dire du fossé énorme qui sépare l’italienne de l’allemande dans ce comparatif. Mais bon sang, pourquoi les a-t-on opposées, au fait ?

bob[@]sport-auto.ch / sebastien[@]sport-auto.ch

 

Avis complets, photos exclusives et informations techniques dans les essais respectifs :

Porsche 911 Targa 4S / Alfa Romeo 4C Spider

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