FAIRE UN MAXIMUM
DE BRUIT

 

Édito du 14.04.2025 – Bob de Graffenried

« 7-14 Reels par semaine, 25-30 messages par jour, 1-3 stories par jour, etc. ». Le brushing est parfait, le ton clair et précis. L’auteur du Reel – le nom donné au format vidéo sur Instagram – dresse une liste des choses à poster chaque jour pour avoir une chance de percer sur la plateforme. En commentant « Insta », les utilisateurs reçoivent ensuite une vidéo détaillée accompagnée d’un lien pour acheter une formation. Au-delà de l’approche utilisée, ce sont surtout les chiffres avancés par cet expert des réseaux sociaux qui m’interpellent. En considérant le temps nécessaire à l’analyse complète d’un véhicule, comment serait-il possible de produire et publier autant de contenus tout en fournissant systématiquement des informations qualitatives à son audience ?

Vous avez compris que je ne vais pas vous parler du bruit émis par nos échappement, mais d’un bruit bien plus délétère : le bruit numérique. Et il ne s’agit pas ici de la dégradation subie par une image capturée à une sensibilité trop élevée, mais du bruit causé par la déferlante de publications auxquelles nous sommes exposés tous les jours. Car aujourd’hui, faire un maximum de bruit sur les réseaux sociaux, c’est un peu comme avoir un échappement percé sur une 106 : tout le monde vous entend, mais personne ne retire de réelle satisfaction de votre passage !

Pourtant, en 2017, nous étions parmi les premiers médias suisses à être présents sur Instagram, ce qui nous a valu un taux d’engagement rapidement élevé – en témoigne le nombre de likes sur les captures d’écran ci-après. Mais si la demande (autrement dit l’audience potentiellement disponible) n’a que peu augmenté depuis, l’offre de contenus a explosé avec l’arrivée des influenceurs ! Ainsi, bien qu’une activité régulière engendre une augmentation du nombre d’abonnés, le taux d’engagement ne cesse de baisser, l’audience n’ayant plus le temps de voir tous les contenus qui lui sont proposés. Aujourd’hui, nous avons 5 fois plus d’abonnés qu’en 2017, et pourtant, nos contenus sont moins visibles, écrasés par ceux des influenceurs qui ne s’arrêtent jamais…

Dans cette course permanente au nombre d’abonnés, la forme passe trop souvent avant le fond du message. Pour une vidéo instructive sur un véhicule, vous aurez dû en regarder une dizaine du même véhicule à l’attrait limité… voire inexistant. Enfin, sauf si vous aimez perdre votre temps à regarder quelqu’un monter dans une voiture et peaufiner son apparence avant de mettre le contact.

Il arrive même qu’un contenu identique (ou presque) soit publié plusieurs fois, des fois qu’il n’aurait pas récolté assez de likes du premier coup… Obnubilés par le fait de publier autant de stories que possible, et surtout plus que leurs concurrents, les influenceurs commettent parfois des erreurs grossières dans le feu de l’action… Comment donc réussir à extraire les informations utiles de tout ce bruit ambiant ?

Si le nombre d’abonnés est censé refléter l’activité et de l’ancienneté du compte, ce n’est pas toujours le cas. Cette métrique est si importante pour décrocher des collaborations souvent rémunérées (à la différence de la presse qui demeure indépendante) que certains influenceurs font gonfler artificiellement leur nombre d’abonnés… Il est en effet possible d’acheter des milliers d’abonnés et de likes à des prix attractifs, et même des faux commentaires. Heureusement, une analyse des profils d’abonnés (manuelle ou automatique via des plateformes d’audit) permet de repérer les tricheurs. Une approche qui pourrait remettre certains à leur place.

Face à cette avalanche de contenus superficiels, il existe une autre stratégie que nous nous évertuons à conserver chez Sport-Auto.ch : parler uniquement lorsqu’il y a quelque chose à dire, par exemple pour signaler la sortie de nos articles.

Accompagnés de photos exclusives, nos essais vous permettent, en seulement quelques minutes de lecture, d’accéder à des informations objectives fournies par des membres de la presse motorisée suisse munis d’une solide expérience. Grâce à une stratégie SEO éprouvée, nos reportages bénéficient d’une excellente visibilité à travers les moteurs de recherche de la toile, et ce de manière durable. Car pour nous, il est plus important de faire du bruit sur la route, et naturellement sur Sport-Auto.ch, que sur les réseaux sociaux !

bob[@]sport-auto.ch

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