INFINITI
Q60S 3.0t

L’essai Sport-Auto.ch du 18 janvier 2018

Rédaction : Bob de Graffenried
Photographies : Bob de Graffenried

Apparu en 1989, Infiniti est un constructeur japonais créé par Nissan, qui souhaitait par ce biais cibler une clientèle plus aisée en quête de performances et de raffinement, alors que Nissan se concentrait sur un marché généraliste. Si le succès est rapidement au rendez-vous sur les continents américain et asiatique, Infiniti n’exporte pas ses véhicules en Europe jusqu’en 2008. Dix ans plus tard, les chiffres révèlent à quel point il est difficile de bousculer un marché très attaché à ses repères : Infiniti n’a immatriculé que 286 véhicules en 2017 sur sol helvétique ! D’un autre côté, cet état de fait leur procure encore plus d’exclusivité, surtout en ce qui concerne le coupé Q60, qui n’est logiquement pas, vu son segment, le modèle le plus plébiscité de la marque. Nous avons pu essayer ce coupé quatre places dans sa version la plus délurée, à savoir la Q60S dotée d’un moteur V6 3.0L bi-turbo développant 405 ch.

0-100km/h (s) : 5.0

Vmax (km/h) : 250

rapp. poids/puiss. (kg/ch) : 4.66

4×4
6 cyl. 3.0L bi-turbo
405 ch / 475 Nm
1’890 kg

De l’extérieur, l’élégance prime sur la sportivité, grâce aux nombreuses parties chromées comme la calandre et les contours des vitres, plus prononcés au niveau de la custode arrière. Les jantes anthracites de 19 pouces se marient parfaitement avec la couleur « Sunstone Red » de notre voiture d’essai dont il me tarde de prendre le volant. Comme à l’extérieur, la présentation de l’Infiniti Q60S est très soignée dans l’habitacle, où l’on retrouve notamment un cuir lisse d’excellente facture et deux grands écrans tactiles entourés de placages en carbone sur la console centrale. Si le raffinement est de mise, le design reste plus consensuel que ce que pourraient laisser penser ses lignes extérieures.

L’une des grandes nouveautés mise en avant par Infiniti est sans doute l’apparition en première mondiale de la direction « Direct Adaptative Steering ». La révolution demeure par le fait qu’il n’y a aucun lien mécanique entre le volant et les roues (sauf en cas de défaillance du système), ce qui n’offrirait que des avantages si l’on en croit les arguments de la marque. Si cette technologie est imposée sur les versions Sport (tant sur le 2.0t que le 3.0t), la version Premium 2.0t n’en est pas dotée de série.

A l’utilisation, c’est sans surprise que cette direction sans lien mécanique entre le volant et les roues manque de feeling, mais très franchement, ce n’est pas vraiment pire que certaines directions à assistance électro-hydraulique. J’y reviendrai.

Par contre, je vais être plus agacé par certains aspects ergonomiques qui font défaut. Premièrement, l’eau accumulée sur le coffre vient couler à l’intérieur de celui-ci lorsqu’on l’ouvre sous la pluie. L’écran de l’ordinateur de bord ne permet pas d’afficher la vitesse en numérique. Les infos RDS (titres des morceaux) ne s’affichent pas pour les stations DAB, alors que cela fonctionne pour les stations FM. En mode manuel, il arrive qu’une palette ne prenne pas en compte le changement de rapport, indépendamment de la plage de régimes. Au chapitre hiver, on peut citer les essuie-glaces automatiques dont il faut régulièrement changer la sensibilité, les phares longue portée automatiques lunatiques, ainsi que l’absence de volant chauffant en option. Enfin, il n’est pas possible d’éteindre l’écran supérieur – dédié à la navigation – sans éteindre aussi celui du bas. Des détails qui, pris un à un, restent des défauts mineurs, mais qui mis bout à bout peuvent décevoir une clientèle cible exigeante, qui débourse au minimum CHF 73’400.- pour acquérir ce coupé dans sa version S 3.0t forte de 405 ch, et CHF 80’400.- pour notre version « Sport Tech » plus généreusement équipée. Des tarifs proches de la BMW 440i xDrive Coupé, qui affiche néanmoins un déficit de puissance de près de 80 ch (326 ch).

Evidemment ce n’est pas cela qui m’importe pour juger de son comportement dynamique. En conduite active, la direction « Direct Adaptative Steering » va-t-elle être handicapante ou bénéfique ? Tout dépend de la route empruntée. Plus celle-ci est inégale et sinueuse, plus je semble manquer de retours d’informations. En dehors de cela, la réponse demeure rapide et fiable – heureusement ! – mais je n’ai pas l’impression qu’elle soit plus directe ni plus réactive qu’une direction conventionnelle. Et en mode Confort, je n’ai pas non plus ressenti une facilité décuplée pour tourner le volant. En outre, je ne perçois pas vraiment les avantages de ce système.

Niveau sonorité, contrairement à la tendance actuelle, l’Infiniti Q60S 3.0t fait l’impasse sur les pétarades et autres claquements lors des changements de rapports : elle est trop bien éduquée pour cela ! Le relief du V6 bi-turbo est plutôt feutré mais devient plus démonstratif en mode Sport, avant d’avouer un timbre plus rageur jouant dans les aigus lorsque le compte-tours s’affole, rappelant immanquablement la Nissan GT-R. Il faut dire qu’en plus d’offrir une bande son addictive, le moteur montre un réel entrain à approcher la zone rouge, tout en demeurant très souple aux régimes inférieurs. Le couple maximum de 475 Nm est en effet disponible de 1’600 à 5’200 trs/min, alors que le rupteur intervient à 6’600 trs/min. Les reprises sont pêchues et les 405 ch déplacent avec fougue les 1’890 kg de l’engin. Dommage que la boîte automatique à 8 rapports ne soit pas à la hauteur en conduite sportive : il faut anticiper de près d’une seconde le changement de rapport à l’approche du rupteur si l’on ne veut pas la voir « patiner ». Et même si l’on se cantonne au mode automatique, l’agrément reste inférieur aux boîtes automatiques à convertisseur du manufacturier ZF qui équipent notamment certaines Alfa Romeo et Audi, et qui savent donner le change aux boîtes à double embrayage.

Dans les enchaînements, l’Infiniti Q60S est stable et offre un comportement dynamique sain et sécurisant, et le mode Sport+ permet entre autres de durcir les suspensions afin de réduire les mouvements de caisse. Et lors des relances, j’ai pu apprécier le petit côté joueur du train arrière qui reçoit suffisamment de couple pour décrocher à la demande lorsque l’adhérence est précaire, alors que la motricité demeure excellente sur le sec.

Sur la neige, la transmission intégrale intelligente s’est montrée efficace, me permettant même de franchir des pentes de 12% sur des sentiers carrossables peu dégagés.

L’avis de Sport-Auto.ch

Le coupé Infiniti Q60 mérite le détour de par son esprit singulier. Son élégance et sa présentation de bon aloi sont des atouts solides. Dommage qu’à l’utilisation, plusieurs aspects ergonomiques viennent ternir un chapitre qui aurait dû, vu son segment, être un sans-faute ! Sur le plan de la conduite, la version essayée de 405 ch Q60S 3.0t se rattrape quelque peu, car malgré une boîte automatique en retrait de la concurrence, le bilan est rehaussé par un comportement dynamique efficace, un train arrière joueur et une sonorité aux accents de Nissan GT-R. N’y voyez pas là un véhicule sportif pour autant ; même dans sa version 3.0t « Sport Tech » de 405 ch, il s’agit d’un coupé plutôt taillé pour les longs voyages que pour les spéciales de rallye ! La vision du coupé selon Infiniti, tout simplement.

bob[@]sport-auto.ch

Pour...
  • Répartition du couple
  • Sonorité typée
  • Agrément moteur
  • Charisme singulier
Contre...
  • Boîte anémique en conduite sportive
  • Ergonomie perfectible
  • Sportivité relative
  • Pas de Start-Stop

Merci à Infiniti Europe pour le prêt de cette Infiniti Q60S 3.0t Sport Tech.

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