CHEVROLET
CAMARO V8
50th ANNIVERSARY

L’essai Sport-Auto.ch du 9 août 2017

Rédaction : Sébastien Moulin
Photographies : Sébastien Moulin

L’essai d’une Muscle Car américaine ? Une première pour moi… et autant vous l’avouer tout de go, je ne suis pas vraiment fan du genre. Mais conduire une voiture de 453 ch, qui plus est avec un couple pharaonique de 617 Nm, ca ne se refuse pas. Je suis même prêt à faire quelques sacrifices, c’est pourquoi je n’hésite pas à sauter dans un Intercity pour Zurich afin de réceptionner la Chevrolet Camaro V8 50th Anniversary qui va m’accompagner pendant deux semaines.

L’avantage à ne s’être jamais intéressé à ce genre de voiture est de ne pas avoir d’a priori. J’ai cru comprendre que Ford et Chevrolet se livrent une véritable bataille commerciale sur ce marché spécifique, mais dans ma tête d’éternel adolescent, j’ai jusqu’ici toujours pensé que la Ford Mustang était la voiture du gentil, tandis que la Chevrolet Camaro celle du méchant. A tel point que je ne suis pas surpris lorsque Gordon (ça ne s’invente pas) me donne rendez-vous à un arrêt de tramway de la banlieue zurichoise avant de me conduire dans un sombre garage souterrain pour finaliser la transaction.

0-100km/h (s) : 4.6

Vmax (km/h) : 290

rapp. poids/puiss. (kg/ch) : 3.7

propulsion
8 cyl. 6.2L atmo
453 ch / 617 Nm
1’659 kg

Heureusement, Gordon ne ressemble en rien aux méchants des séries américaines, si bien que je le précède sans hésitation dans le parking du siège de General Motors Suisse. L’Américaine, dans sa teinte «Nightfall Gray Metallic» (la seule disponible sur cette version 50th anniversary), est à peine visible dans la pénombre et fronce déjà les sourcils en nous voyant nous approcher d’elle. Plus de doute, c’est bien la voiture du méchant !

L’aérodynamisme de son profil fuselé semble avoir été très travaillé. On reconnait dans ce design l’ADN original des anciens modèles. Basse et ramassée, la Camaro semble en permanence sur les starting-blocks… les bandes de couleur orange, spécifiques à cette version anniversaire, en rajoutent encore une couche. Si la face avant, le profil et les jantes exclusives de 20 pouces sont très agressifs, je reste sur ma faim concernant l’arrière ; le maigre aileron ne suffit pas à confirmer cet air «méchant» qui se dégage de l’ensemble.

Sans préambule, Gordon m’ouvre la porte et me tend les clés. Première surprise, contrairement à ce que j’avais imaginé, l’ambiance est résolument moderne, et la finition, bien que n’atteignant pas des sommets, est de bonne facture et ne prête plus le flanc aux critiques comme à l’époque ! Au centre du tableau de bord, un généreux écran LCD affiche les données de l’ordinateur de bord ainsi que les jauges de température et de niveau.

L’écran central à haute résolution peut être configuré de telle sorte que les informations telles que les données de navigation, les caractéristiques et d’autres fonctions de divertissement peuvent être affichées. Son utilisation s’avère simple et très intuitive. Je découvre même qu’un éclairage d’ambiance LED est intégré dans le tableau de bord, les panneaux de porte et la console centrale et offrant un choix de 24 couleurs différentes ! Le contrôle du débit d’air et de la température se fait directement en tournant les buses de ventilation. D’une simplicité enfantine et diablement ingénieuse, il fallait juste y penser.

Une pression sur le bouton start et le moteur prend vie avec ce son guttural propre aux américaines. Un signe de la main à Gordon et l’aventure peut commencer. Le volant offre une prise en main confortable et ma main tombe naturellement sur… surprise… un levier d’une boîte de vitesse manuelle ! Une fois extirpé du parking souterrain avec prudence, je reste sur mes gardes dans le trafic dense de Zürich, la vision latérale étant restreinte et la lecture des dimensions de l’engin pas des plus aisée. Cela dit, c’est vite amusant de voir les têtes se retourner lorsque j’enfonce brusquement l’accélérateur pour profiter de la sonorité du V8 tout en distançant brièvement le trafic.

Un commutateur se trouvant sur la console centrale permet de changer de mode de conduite en fonction des conditions de conduite : Snow/Ice, Tour, Sport et Track. Ils opèrent sur la commande des gaz, la gestion moteur, l’étalonnage de la direction et des suspensions magnétiques, et même sur l’éclairage d’ambiance. Naturellement, l’algorithme de changement de vitesses est également affecté si vous optez pour la version boîte automatique à 8 rapports (CHF 2’000.-) avec palettes au volant.

Vous ne serez pas surpris en apprenant que l’itinéraire choisi pour le retour dans le vieux pays privilégie les cols et les petites routes. A peine le temps de constater un bon comportement autoroutier qui incite plus à cruiser qu’à forcer sur la pédale de droite, que déjà Lucerne s’efface dans mes rétroviseurs. Me voilà au pied du col du Brünig. Je sélectionne le mode «sport» pour une première impression dynamique. Le trafic ne m’offre pas le loisir de pousser franchement le V8, mais déjà je constate que les reprises sont fabuleuses et instantanées. Une disponibilité du couple immédiate et sans filtre – pas de suralimentation – qui se rencontre de plus en plus rarement aujourd’hui. Ça pousse vraiment à tous les régimes : les 617 Nm de couple ne sont pas que sur le papier ! La Chevrolet Camaro V8 est équipée du même moteur que la Corvette, le V8 6.2L, qui développe 453 ch, soit 13 de moins que dans cette dernière. Un moteur de 4 cylindres 2.0L turbo de 275 ch accouplé à une unique boîte automatique à 8 rapports vient complété la gamme, et une version cabriolet est disponible avec les deux motorisations…

Les choses sérieuses arrivent à l’approche du Col du Pillon. Bien soutenue par ses suspensions magnétiques Ride Control qui analyse la route 1’000 fois par seconde, ajustant automatiquement les réglages des amortisseurs, la tenue de route se révèle bien supérieure à ce que j’avais imaginé. En mode sport, elle semble presque légère – finalement, 1’659 kg, ce n’est pas tant à notre époque – mais sur la portion où le bitume est plus détérioré, la Camaro devient rapidement «tape-cul». A vitesse soutenue, je note un léger survirage en accélération, conséquence logique du couple camionesque déboulant sur les seules roues arrière. La descente sur les Diablerets me permettra de constater l’efficacité des freins Brembo, dotés d’étriers fixes à quatre pistons.

Malgré l’heure tardive, je ne résiste pas à un dernier plaisir, et bifurque en direction du Col de la Croix, une route que je sais «tapante» pour l’avoir empruntée à maintes reprises lors du Rallye du Chablais. J’ai constaté que cette route semble beaucoup plus bosselée lors des reconnaissances, effectuées avec une voiture de série, qu’en course. Alors pourquoi ne pas oser les réglages extrêmes du mode «track» ? C’est un peu bizarre comme choix, mais l’exercice s’avérera jubilatoire. Jamais je n’aurais imaginé ça ! La Camaro semble très agile, une sensation qui s’accentue lorsque vous la poussez plus fort encore : les épingles se négocient avec vivacité dans une légère dérive réglée du pied droit, son freinage est puissant, et j’ai l’impression de sauter d’une bosse à l’autre en ne perdant qu’un minimum de motricité,

J’ai particulièrement aimé la boîte manuelle, qui permet des changements de rapport rapides et synchronisés automatiquement par le coup de gaz de la fonction rev-matching, désactivable en tout temps via les palettes au volant.

Mais attention, durant mon essai, la Camaro V8 n’a pas été toujours aussi docile qu’au premier jour… Quelques réactions du train arrière m’ont tout de même surpris. Souvenez-vous, c’est la voiture du méchant ! Il ne faut pas la mettre entre toutes les mains, car à la fin, c’est souvent le méchant qui perd !

L’avis de Sport-Auto.ch

Cette Chevrolet Camaro V8 est une réelle surprise qui gomme toutes mes idées préconçues concernant les Muscle car américaines. Elle a certes un look super agressif et une puissante voix rauque, mais n’a rien d’une lourde voiture surpuissante, inconfortable, gourmande et au châssis rudimentaire. Bien au contraire ! J’ai découvert une vraie sportive moderne, au comportement agile, doté d’une puissance et d’un couple hors normes. Le tout à un prix défiant toute concurrence. Jugez plutôt : pour notre modèle d’essai 50th Anniversary doté de nombreux équipements supplémentaires, il vous faudra débourser CHF 60’090.-, alors que le tarif d’entrée de la Camaro V8 est de CHF CHF 53’490.-. Difficile de trouver un meilleur rapport prix/performances ! A condition bien sûr d’assumer sa gueule de «méchant» !

sebastien[@]sport-auto.ch

Pour...
  • Look de méchant
  • Plaisir de conduite
  • Puissance et couple monstrueux
  • 4 modes de conduites très différenciés
  • Rapport prix/performances
Contre...
  • Design arrière trop sage
  • Places arrière étriquées
  • Visibilité médiocre

Merci à Cadillac & Chevrolet Europe pour le prêt de cette Chevrolet Camaro V8 50th Anniversary.

Tous nos essais de A à Z :

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