AUDI
RS4 AVANT

L’essai Sport-Auto.ch du 6 novembre 2018

Rédaction : Bob de Graffenried
Photographies : Bob de Graffenried, Gaëtan Brunetti

« La Suisse, pays du Quattro ». Témoin heureux d’une demande élevée dans notre pays en faveur des véhicules à traction intégrale, Audi parade depuis des années avec ce slogan sur nos téléviseurs. Quoi de mieux pour nous que de vous proposer l’essai de l’un des fleurons du Quattro ? Vu son succès sur notre territoire, il était impossible pour nous de passer à côté de l’Audi RS4 ! Après les B5, B7 et B8, voici la B9 !

Alors que le break semble se refuser éternellement aux Alfa Romeo Giulia Quadrifoglio et BMW M3 et M5, le constructeur aux anneaux mise avec succès depuis longtemps sur cette carrosserie pour les RS4 et RS6. D’ailleurs, sur les quatre générations de RS4, seule la B7 fut disponible en berline ! Et aujourd’hui, la seule berline disponible dans la gamme des modèles RS d’Audi est la RS3, qui nous avait d’ailleurs fait forte impression l’hiver dernier.

0-100km/h (s) : 4.1

Vmax (km/h) : 280

rapp. poids/puiss. (kg/ch) : 3.8

4×4
6 cyl. 2.9L bi-turbo
450 ch / 600 Nm
1’715 kg

Extérieurement, l’Audi RS4 B9 Avant affirme sa sportivité dans une relative discrétion. Il faut dire que le vert Sonoma (CHF 1’160.-) ne contribue pas à faire ressortir la calandre et les autres éléments noirs tels que la double sortie d’échappement ou les bas de caisse. Heureusement, les jantes en alu bicolores de 20 pouces Edge (CHF 3’000.-) rehaussent le ton. Ce vert tout-à-fait spécial, foncé à l’ombre, s’éclaircit à mesure que la lumière augmente pour tirer sur le jaune en plein soleil !

Par rapport à une Audi A4 normale, la RS4 est abaissée de 30 mm et élargie aux ailes de 24 mm. Conséquence d’un tel rabaissement, les voies (+ 8/20 mm avant/arrière) ne sont pas élargies d’autant, afin d’autoriser le débattement confortable des roues à l’intérieur des ailes. Du coup, lorsqu’on regarde la voiture des trois quarts, les roues paraissent trop à l’intérieur. En revanche, de profil, c’est parfait !

En matière de sportivité, la RS4 B9 paie visuellement les frais de sa taille généreuse : 4.78 m, c’est 19 cm de plus que la B7, qui paraissait du coup plus massive et râblée. Preuve en est, s’approchant de la voiture, un de mes amis a d’abord cru qu’il s’agissait d’une RS6 !

Cet embonpoint fera le bonheur des passagers arrière, qui bénéficieront d’un espace supérieur à la moyenne du segment, sans pénaliser le volume du coffre de 505 litres. Testé et approuvé : un voyage de 200 km à cinq hommes ne pose aucune gêne particulière.

La présentation intérieure est conforme à ce à quoi Audi nous a habitués dans ses déclinaisons haut de gamme, rehaussée ici par la sellerie cuir Valcona à surpiqûres vertes (CHF 1’110.-) rappelant avec bon goût le coloris extérieur. Tout est idéalement fini, fonctionnel et visuellement réussi. Le seul bémol concerne le moulage rigide des sièges avant qui donne l’impression de ne pas être bien assemblé quand on appuie dessus depuis les places arrière. Comme d’habitude chez Audi, l’ergonomie est parfaite, les commandes idéalement placées et le Virtual Cockpit rapide dans ses changements d’affichage.

Si la RS4 B5 était équipée d’un V6 bi-turbo de 2.7L développant 380 ch, les RS4 B7 et B8 étaient équipées du très musical V8 4.2L atmosphérique, développant 420 ch dans la B7 et 450 ch dans la B8. Mais, comme chez la plupart des constructeurs, les temps changent, obligeant ces derniers à avoir recours au downsizing afin de respecter les normes d’émission de CO2. Le V8 4.2L a donc laissé place à un nouveau V6 bi-turbo 2.9L de même puissance offrant des performances supérieures à la RS4, qui au passage a aussi perdu quelques kilos. Le 0-100 km/h est passé de 4.7 à 4.1 secondes, et l’écart en reprises est considérable grâce au couple de 600 Nm disponible dès 1’900 trs/min.

A l’utilisation, ce moteur « plein partout » est brillant et polyvalent. Il est complété par une nouvelle boîte automatique ZF à 8 rapports qui remplace sans honte l’ancienne S-Tronic à double embrayage, ce même en conduite sportive. Dans certains cas spécifiques – glissades sur neige/glace – il sera toutefois regrettable de ne pas pouvoir rester sur le premier rapport une fois le rupteur atteint (passage automatique en 2ème même en mode manuel, ce qui n’a pas lieu pour les rapports supérieurs).

Confortable et silencieuse en mode Normal, l’Audi RS4 est une excellente compagne au quotidien, permettant un large spectre d’utilisation pour qui la consommation moyenne de 11.5 l/100km n’est pas un problème. A 120 km/h, cette dernière ne demande que 7.6 l/100km, ce qui est honorable. Dommage que le volume du réservoir ne soit que de 58 litres, ce qui ne permet pas d’atteindre sereinement 500 km en régime mixte sans puiser dans la réserve.

Dès que les conditions me le permettent, je passe naturellement en mode Dynamic. Le châssis sport RS plus avec Dynamique Ride Control (CHF 2’540.-) devient nettement plus ferme, presque trop pour certaines routes, à tel point que je vais rapidement configurer le mode Individual pour qu’il reprenne tous les paramètres du mode Dynamic, sauf la dureté des suspensions. Malgré un débattement des roues redevenu plus important, la RS4 se joue de ses 1’715 kg avec relative facilité. Le freinage est excellent et il faut en mettre beaucoup pour remettre en question son cap.

Le mode Dynamic amène aussi un bruit supplémentaire à l’échappement sport RS (CHF 1’560.-), mais en comparaison au rugissement du 5 cylindres qui équipe les RS3 et TTRS, la RS4 reste un peu trop discrète et feutrée. Au point que sur la célèbre Tremola, le bruit de roulement sur les pavés couvrira le son du moteur ! Toutefois, sans faire jeux égal avec le V8 atmosphérique qu’il remplace, ce V6 bi-turbo est assez musical et plaisant à entendre.

Les sièges permettent d’ajuster également la largeur des maintiens latéraux, ce qui est bienvenu sur les routes sinueuses. Dommage que ce réglage ne soit pas mémorisable avec les réglages de position du siège. Là encore, Audi privilégie le confort, puisqu’à chaque redémarrage, la largeur du siège se réinitialise à sa valeur par défaut.

Large, lisse et long, le col du Grimsel, parcouru à plusieurs reprises au terme d’une journée de roulage intensive, est un terrain de jeux idéal pour évaluer tout le potentiel de cette Audi RS4.

Après l’essai d’une RS3 flamboyante mais sous-vireuse lors des relances en courbe, j’étais impatient de mener la comparaison avec la RS4. Car si cette dernière avoue 125 kg supplémentaires sur la balance, elle possède deux avantages sur sa petite sœur. Premièrement, son moteur placé en position longitudinale avant est plus reculé, alors que le 5 cylindres est placé transversalement en porte-à-faux avant dans la RS3. Cela confère à la RS4 un meilleur équilibre des masses. Mais surtout, sous l’appellation Quattro, les deux autos cachent en réalité une différence de taille : alors que la RS3 est dotée d’un embrayage multi-disques placé sur l’essieu arrière (faisant d’elle une traction par défaut), la RS4 est équipée d’un différentiel central qui envoie 60% du couple sur le train arrière par défaut. Et en conduite dynamique, la donne change quand vous avez à faire à une voiture qui distribue son couple essentiellement sur l’arrière dès le départ !

Point de sous-virage en relances cette fois-ci, le comportement de la RS4 aux limites d’adhérence est neutre, et il faut vraiment s’appliquer – c’est-à-dire déstabiliser volontairement la voiture – pour provoquer le sur-virage, aidé par le différentiel sport (CHF 1’760.-) présent sur notre voiture d’essai. Sur la neige, la voiture doit probablement procurer beaucoup de sécurité tout en autorisant à son pilote de belles dérives des quatre roues. Mais sur chaussée sèche, ce comportement policé manque de panache, et à force de tout miser sur l’efficacité, Audi nous livre un break très performant mais qui manque quelque peu de caractère en comparaison avec les déclinaisons sportives actuelles d’Alfa Romeo et de BMW.

L’avis de Sport-Auto.ch

Connaissant l’expérience d’Audi dans le domaine, je n’ai pas été surpris de découvrir une RS4 B9 extrêmement efficace, confortable et polyvalente : un véritable break de chasse qui peut s’apprécier à cinq adultes ! Toutefois, je l’aurais souhaitée encore plus sportive dans l’esprit, à l’instar de la RS3, voulue plus « explosive » car dédiée à une clientèle particulièrement jeune.

L’Audi RS4 est disponible à partir de CHF 103’000.- mais attention, à ce prix-là, il n’y a ni échappement sport, ni châssis DRC, ni différentiel sport. Notre modèle d’essai bien configuré se monte en revanche à CHF 129’610.-. Une somme considérable, mais Alfa Romeo et BMW ne déclinant pas leur super-berline en break, l’unique concurrence se situe chez Mercedes-AMG avec la E 53 4Matic de 435 ch (dès CHF 107’250.-), dont la définition est proche mais les performances inférieures à celles de l’Audi RS4.

bob[@]sport-auto.ch

Pour...
  • Performances
  • Agrément moteur/boîte
  • Polyvalence
  • Jolie sonorité (… mais discrète)
  • Espace à l’arrière
Contre...
  • Manque de caractère
  • Equipements RS en option
  • Volume du réservoir

Merci à Audi Suisse pour le prêt de cette Audi RS4 Avant, ainsi qu’à Amag Crissier pour leur soutien logistique.

Tous nos essais de A à Z :

Print Friendly, PDF & Email