ALPINE
A110

L’essai Sport-Auto.ch du 17 janvier 2019

Rédaction : Bob de Graffenried
Photographies : Bob de Graffenried

Après l’essai en avant-première réalisé par ma collègue en novembre 2017, nous avons dû faire preuve de patience pour prendre le volant de l’Alpine A110 sur nos terres. Nous avons pris les commandes d’une A110 Première Edition pour un essai complet réalisé entre feuilles mortes et premiers flocons. Départ !

Nous n’allons pas revenir en détail sur la fabuleuse histoire de la marque Alpine. Je préciserai simplement que notre exemplaire d’essai est une Première Edition portant le numéro 1’876 sur les 1’955 exemplaires construits, nombre qui fait référence à l’année où Jean Rédélé a créé la marque. Cette Première Edition s’étant vendue à la vitesse de l’éclair, la clientèle a le choix aujourd’hui entre les versions Pure et Légende présentées en mars 2018 à Genève. Techniquement, rien ne les distingue de notre modèle d’essai : plateforme, moteur, liaisons au sol, freins et échappement sont identiques.

0-100km/h (s) : 4.5

Vmax (km/h) : 250

rapp. poids/puiss. (kg/ch) : 4.37

propulsion
4 cyl. 1.8L turbo
252 ch / 320 Nm
1’103 kg

Extérieurement, Alpine a réussi le pari de concevoir une Alpine A110 contemporaine qui rappelle inévitablement son ancêtre, alors qu’un demi-siècle les sépare ! Bien que ses dimensions soient supérieures, on perçoit rapidement que la légèreté est au centre du nouveau projet : les roues ne sont pas surdimensionnées et l’empattement est raisonnable : 2,42 mètres. Avec ses 1’103 kg à vide (en ordre de marche), l’Alpine A110 « se contente » d’un 4 cylindres de 1.8L revendiquant 252 ch, lui permettant de franchir le 0-100 km/h en 4,5 secondes.

La présentation intérieure est également une belle réussite. Outre les sièges, mon regard est immédiatement attiré par la console centrale flottante qui est du plus bel effet, ainsi que sur les panneaux de portes mêlant cuir et composite laqué du même bleu Alpine que la carrosserie.

L’accès à bord est facile et pour cause, la position de conduite est plus haute qu’à bord d’une Alfa Romeo 4C ou d’une Lotus Elise. Mais plus haut ne veut pas forcément dire moins bien, surtout lorsqu’on se laisse glisser dans les superbes baquets Sabelt dont le design et le maintien justifient quasiment à eux seuls l’achat de la voiture ! Leur conception en une seule pièce revêtue de cuir à coutures en losange rappelle immanquablement les sièges de la première A110.

Mais avant de plonger tête baissée lors de votre choix, n’oubliez pas de les essayer, le dossier étant fixe et la largeur ne convenant pas forcément à toutes les morphologies. Ces sièges qui ne pèsent que 13.1 kg chacun proposent trois réglages de hauteur via une fixation par vis, il faudra donc bien choisir la taille de votre passager(ère) à l’avance ! Astucieux : le siège se déplace sur une glissière inclinée, de sorte que lorsque l’on recule le siège, la hauteur d’assise diminue. Cela dépanne lorsqu’il faut changer de conducteur à la hâte. Mais si vous préférez davantage de confort ainsi qu’un dossier inclinable – et chauffant en option – vous pouvez choisir les sièges Confort 6 voies également fabriqués par Sabelt (voir fiche technique ci-après).

Grâce à sa maniabilité, son moteur très souple et sa boîte automatique cohérente, l’Alpine A110 se mène sans aucune gêne dans un trafic urbain et dense, tout en restant sobre grâce à son poids contenu. Son châssis non réglable en dureté fait appel à des butées hydrauliques, ce qui permet de préserver un minimum de confort sur la majorité du débattement.

La visibilité arrière est limitée et je ne dispose pas de caméra de recul. Ce défaut a été corrigé sur les nouvelles versions, la caméra de recul étant proposée en option sur la Pure et de série sur la Légende. Au niveau pratique, l’Alpine A110 dispose de deux petits coffres offrant 196 litres au total, une capacité déjà respectable pour ce type de véhicule. Un pack Rangement est disponible en option, comprenant un filet derrière le siège passager ainsi qu’une boîte fermée entre les deux sièges.

L’ergonomie est bonne, mais il subsiste quelques détails perfectibles, comme l’absence d’éclairage sur les boutons du volant ou l’implantation d’un comodo Renault pour radio et téléphone un peu trop près de la palette de droite. Le système Hi-Fi de conception française Focal délivre un son parfait et parvient à couvrir le son du moteur sur l’autoroute, mais je peste contre les coupures intempestives de la réception DAB, au point de parfois privilégier la musique de mon téléphone relié par Bluetooth.

Passons aux choses sérieuses : la conduite à proprement parler, voire le pilotage ! Car c’est bien de cela qu’il peut s’agir, en fonction de votre humeur et des conditions. Je coupe la musique et bascule donc en mode Sport via le bouton rouge situé sur le volant. Le bruit se fait d’emblée plus présent, et la boîte commute les rapports plus rapidement et à plus hauts régimes. Une pression sur la touche D permet de passer en mode manuel en utilisant les palettes fixes placées derrière le volant. Pour que la boîte ne passe pas au rapport supérieur automatiquement au rupteur, il faudra passer en mode Track, lequel désactive l’anti-patinage et propose une calibration de l’ESP plus permissive. Mais si cela ne vous suffit pas, il est possible de désactiver entièrement l’ESP via une touche située sous l’écran central (et ce dans n’importe quel mode de conduite).

Bien que je préfère l’affichage des compteurs en mode Sport, je choisirai le mode Track sur les routes sinueuses connues. La voiture gagne encore en bestialité avec des passages de rapport qui deviennent brutaux et encore plus sonores, j’adore ! Les 252 chevaux du 4 cylindres ne manquent pas de voix, mais ils ne sont pas aussi lyriques que ceux d’une Alfa Romeo 4C. Mais tout est relatif, et la Française a pour avantage de moduler sa sonorité à travers ses modes de conduite, alors que l’Italienne vous assourdira sur l’autoroute.

Aux limites, le comportement dynamique de l’Alpine A110 demeure sans reproche du moment qu’on applique la règle commune aux voitures à moteur arrière : freiner suffisamment tard afin de conserver du frein jusqu’au milieu de la courbe, avant d’ouvrir progressivement en grand. Son train avant est alors précis et mordant à souhait, et même en entrant plus fort sur les freins, je n’ai pas été piégé par du sous-virage. La motricité est naturellement au rendez-vous, même si le délestage du train arrière couplé à la présence des pneus d’hiver engendre tantôt une légère glisse en sortie, phénomène qui s’accentue naturellement sur chaussée humide. Quel plaisir que d’enchaîner les virages avec cette Alpine !

Certains déplorent l’absence de châssis piloté et un comportement trop souple en conduite dynamique. De mon côté, je n’ai pas trouvé cette prise de roulis dérangeante car grâce aux butées hydrauliques, il n’y a aucun pompage intempestif une fois la voiture en appui. En outre, ce châssis est optimal pour une utilisation sur des routes de montagne dont le revêtement est souvent imparfait. Il est possible, voire probable, que le constat serait différent sur circuit avec des pneus semi-slicks.

L’Alpine A110 Pure est disponible à partir de CHF 61’500.-, alors qu’il faudra au minimum CHF 66’000.- pour le modèle Légende, plus raffiné. Les différentes variantes d’équipements, options et jantes figurent dans la fiche technique ci-après. Dans les deux cas, l’Alpine A110 est plus abordable que ses rivales que sont l’Alfa Romeo 4C (dès CHF 70’800.-) et la Porsche 718 Cayman (dès CHF 72’100.-). Mais selon moi, les trois autos ne sont pas vraiment concurrentes en matière de sensations et de philosophie, ce seront donc davantage vos goûts que les tarifs qui vont trancher.

L’avis de Sport-Auto.ch

Quel plaisir de prendre le volant d’une telle auto ! La recette de la berlinette à moteur central arrière ne cessera d’avoir du succès auprès des puristes. Mais encore faut-il savoir appliquer la recette correctement pour convaincre une clientèle souvent à cheval sur les compromis. Et c’est là qu’au milieu des quelques – trop – rares références actuelles, Alpine a su frapper fort pour le renouveau de la marque. Performante sans être tape cul, légère tout en proposant un intérieur bien équipé ainsi que deux coffres : l’Alpine A110 n’est pas une voiture radicale, et pourtant, elle sait distiller un véritable plaisir de conduite ! Félicitations aux ingénieurs de Dieppe pour ce coup de maître qui inaugure de la plus belle des manières l’histoire de l’A110 du 21ème siècle !

bob[@]sport-auto.ch

Pour...
  • Comportement routier
  • Plaisir de conduite
  • Agrément moteur/boîte
  • Sièges baquets Sabelt
  • Présentation intérieure
  • Système Hi-Fi Focal

Contre...
  • Qualité réception DAB
  • Comodo téléphone/radio
  • Pas de caméra de recul sur la Première Edition

Merci à Renault Suisse pour le prêt de cette Alpine A110 Première Edition, ainsi qu’au Centre Alpine RRG Lausanne pour la mise à disposition de l’Alpine A110 Première Edition.

Tous nos essais de A à Z :

Print Friendly, PDF & Email