ALPINE
A110

L’essai Sport-Auto.ch du 18 décembre 2017

Rédaction : Isabelle Crausaz

Photographies : Isabelle Crausaz, D.R. Alpine Cars

Belle ! On dirait un mot inventé pour elle… trêve de poésie ! Pour vous, Sport-Auto.ch a eu l’immense privilège de se retrouver sur les routes provençales au volant d’une légende en devenir : la nouvelle Alpine A110 !

Mais pourquoi l’avoir appelée « A110 » ? Lorsque l’on demande à un large public à quoi « Alpine » fait penser, il répond en majorité : la Berlinette, la mythique A110. C’est donc avec cette voiture que la marque française a choisi de faire son grand retour et, au terme de cinq ans de gestation, a présenté en mars 2017 au Salon de Genève sa nouvelle Alpine A110, directement issue du concept-car Alpine Vision. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que la marque déchaîne toujours les passions, malgré 22 ans d’absence : les 1’955 exemplaires de cette Première Edition, en référence à l’année de la création de la marque (1955) par Jean Rédélé, ont tous trouvé preneur en moins d’une semaine !

0-100km/h (s) : 4.5

Vmax (km/h) : 250

rapp. poids/puiss. (kg/ch) : 4.37

propulsion
4 cyl. 1.8L turbo
252 ch / 320 Nm
1’103 kg

Puisqu’ils partaient d’une page blanche, les designers d’Alpine se sont demandé à quoi ressemblerait l’A110 aujourd’hui si elle n’avait jamais cessé d’être produite. A première vue, si la version 2017 a des dimensions certes plus généreuses que son aïeule, la recette reste la même : coupé biplace, poids et dimensions contenus (hauteur : 1,25 m) et surtout les lignes : phares ronds, capot nervuré, « virgule » sur les flancs, double bossage sur le toit, dessin de la lunette arrière et du coffre. On reconnaît aussitôt la descendante de la Berlinette : pour moi, le coup de cœur est immédiat !

Dès que je m’installe dans le baquet, la magie Alpine opère ! Ma voiture est la no 5 de 50 de cette Première Edition de pré-série, dans la teinte Bleu Alpine (deux autres couleurs à choix : Blanc Solaire (nacré) et Noir Profond). Les clins d’œil à l’A110 d’origine ne manquent pas, avec tout le confort moderne mais en allant à l’essentiel. Au premier regard, l’habitacle m’est apparu sportif et cosy à la fois. Les baquets, développés avec Sabelt, légers et confortables, ne pèsent que 13,1 kg chacun et sont garnis de matériaux d’excellente facture (cuir pleine fleur, microfibre Dinamica). Encore mieux : comme promis, ils s’adaptent à tous les gabarits et offrent un maintien latéral impressionnant. On trouve encore sur la planche de bord et la console centrale des inserts en carbone.

Même si les rangements manquent ou que certains puristes décrieront les quelques pièces en plastique issues de Renault, à mon humble avis, ces détails contribuent à ne pas faire exploser le poids et la facture de l’auto sans en gâcher l’essentiel : le plaisir de conduire. Visuellement, cet intérieur est très abouti et parfaitement réussi. Pour les bagages, l’Alpine A110 possède deux coffres à l’avant et à l’arrière, de respectivement 100 et 96 litres. Enfin, n’oublions pas d’évoquer la sonorisation, du « made in France » sur-mesure conçu par Focal. Simple, efficace, léger, le système ne comprend que quatre haut-parleurs tout en offrant un son de grande qualité.

J’appuie sur Start : moteur ! Quel son ! Rauque, rond, beau, bien présent sans être envahissant. Je lâche délicatement le frein et c’est parti pour sillonner sur quelques départementales qui nous mèneront au circuit du Grand-Sambuc. Dès les premiers virages, je me sens à l’aise. L’auto fait « tout le boulot » toute seule, ou presque. Même sans être une pilote, je prends dès le départ beaucoup de plaisir à son volant. Agile, légère, réactive… et facile à conduire, l’Alpine A110 s’adapte aux capacités et aux envies du moment du conducteur. Le passage de l’un à l’autre des trois modes de conduite (Normal – Sport – Race) modifie clairement les paramètres, tels que la cartographie du moteur et l’intervention des différents systèmes de contrôle et d’assistance.

Sa répartition des masses idéale (44% à l’avant et 56% à l’arrière) et son point de gravité pile entre les deux sièges font de l’A110 une voiture très bien équilibrée. « Avec les fesses », je peux aisément sentir les trains pivoter ! La suspension est ferme, tout en restant confortable : grâce au système à double triangulation, les roues restent invariablement collées à la route : plus le virage est serré, plus les pneus sont pressés au sol, avec un gain de grip évident. La direction me fait également bonne impression, à la fois douce et précise. Sur la piste du Grand-Sambuc, aux côtés de Thierry Annequin, ingénieur responsable châssis, je me rends encore mieux compte des performances de l’A110 au niveau de sa liaison au sol. Puis, à son volant, j’ai une auto équilibrée, agile, réactive mais jamais brutale. A noter que le mode Race tolère un peu plus de dérapage sans toutefois dé-sécuriser totalement la voiture, et que l’ESP est entièrement déconnectable indépendamment du mode de conduite.

Typique d’une sportive, le groupe propulseur est placé en position centrale arrière, tandis que le réservoir d’essence de 45 litres est placé à l’avant de la voiture. Le moteur 4 cylindres 1.8L turbo est couplé à une boîte robotisée Getrag EDC 7 rapports à double embrayage humide. La motricité est bonne, malgré un différentiel libre suppléé au besoin par le frein de la roue intérieure. Le couple maximum de 320 Nm est disponible de 2’000 trs/min à 5’000 trs/min, ce qui confère à la fois souplesse et reprises toniques aux régimes intermédiaires. La puissance maximale de 252 ch est atteinte à 6’000 trs/min. Regret pour les puristes : la boîte manuelle n’est pas au programme, car la structure de l’A110 ne permettrait pas son installation.

Chaque choix est à comprendre dans les défis majeurs que les ingénieurs d’Alpine ont eu à relever : de sa conception à contre-courant des sportives habituelles, en gardant l’esprit historique de la marque tout en répondant aux exigences et aux normes pointues actuelles. Par exemple, il fallait développer un groupe qui puisse entrer dans un emplacement aux dimensions réduites, notamment par le rapprochement des longerons imposé par la suspension à double-triangulation, m’explique David Twohig, ingénieur en chef.

Le poids atteint, tout en répondant parfaitement aux normes pour l’homologation sur route, est aussi une grande fierté pour Alpine : le poids de cette Première Edition, dont la structure et la carrosserie sont fabriquées à 96% en aluminium, est de seulement 1’103 kg en ordre de marche. L’une des variantes de la Deuxième Edition est d’ores et déjà annoncée à 1’080 kg.

Au niveau des masses non suspendues du véhicule, la chasse aux kilos est essentielle : jantes 18 pouces en aluminium forgé, freins Brembo à étrier fixe 4 pistons à l’avant, et étrier innovant mono-piston à l’arrière intégrant le frein de parc. Les freins font leur travail à merveille, ne manquant pas de mordant ni d’endurance.

Enfin, l’aérodynamique de l’A110 est à la hauteur de ses lignes élégantes et intemporelles. Et sous le plancher, un fond plat intégral avec un important diffuseur  intégrant la sortie de l’échappement permet de se passer d’un becquet arrière.

Grâce à son excellent rapport poids-puissance, l’Alpine A110 Première Edition offre des performances similaires aux concurrentes que sont l’Alfa Romeo 4C, la Lotus Elise Sport 220 ou encore la Porsche 718 Cayman S, avec une philosophie intermédiaire : moins radicale que les deux premières citées, tout en étant plus légère et moins cossue que la Porsche.

Côté compétition, l’Alpine Europa Cup sera lancée en juin prochain avec six manches sur circuit au programme. A cet effet, une vingtaine de voitures spécifiques développées, produites et commercialisées par Signatech sous la dénomination A110 Cup, sont prévues pour la première saison.

Pour la commercialisation, Alpine a ouvert 57 centres Alpine en Europe, dont 5 en Suisse. L’A110 Première Edition a été proposée avec un très bon niveau d’équipement au prix de CHF 62’000.-. Si la livraison de cette édition limitée est prévue pour le premier semestre 2018, l’A110 Deuxième Edition est déjà annoncée en deux versions : « Pure » et « Légende ». La marque reste toutefois discrète sur les chiffres de production.

L’avis de Sport-Auto.ch

L’Alpine A110 Première Edition de 2017 est bien issue de l’ADN de l’A110 Berlinette créée en 1962. Le design, tant extérieur qu’intérieur, est très réussi et abouti. La prise en main est aisée et intuitive. On a en mains une voiture équilibrée, agile, sportive et légère. Son confort ne sacrifie pas de belles sensations de conduite et de plaisir au volant, ce qui en fait une voiture tout à fait utilisable au quotidien sur de courts ou moyens trajets. Un véritable « feel-good car » !

isabelle[@]sport-auto.ch

Pour...
  • Plaisir de conduire
  • Comportement sain et équilibré
  • Sportivité
  • Rapport prix/performances
  • Confort permettant une utilisation quotidienne
Contre...
  • Manque de places de rangement
  • Pas de boîte manuelle disponible

Merci à Alpine Cars et à Renault Suisse pour l’invitation aux essais presse internationaux en France de l’Alpine A110 Première Edition 2017.

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