PORSCHE
CAYMAN GT4

L’essai Sport-Auto.ch du 17 décembre 2015

Rédaction : Bob de Graffenried

 

Photographies : Bob de Graffenried

L’histoire du Cayman a toujours été intimement liée à celle de sa grande sœur, la 911. Dès sa sortie en 2005, tous ont relevé l’énorme potentiel dynamique du Cayman, mais beaucoup l’ont souvent considéré comme sous motorisé. En 2011, en guise de point final à la génération 987, Porsche a produit un Cayman déluré nommé « R ». Allégé d’une cinquantaine de kg, celui-ci est encore plus agile grâce à son châssis abaissé et raffermi. Mais coiffé de seulement 10 ch de plus que le Cayman S (soit 330 ch), il ne peut réellement faire parler la poudre. Beaucoup resteront sur leur faim et maintiendront que Porsche limite les performances du Cayman par peur qu’il ne fasse de l’ombre à la 911.

Mais c’était sans compter sur l’audace du constructeur de Zuffenhausen. Comme pour fêter ses 10 ans d’existence et après avoir repousser tellement loin les limites des 991 GT3 et GT3 RS, Porsche dévoile enfin une version totalement désinhibée du Cayman 981 : le GT4 est né !

Avec ses 385 ch, il supplante le GTS de 45 ch grâce à l’implantation du bloc 3.8 litres issu de la Carrera S, tout en ayant perdu 5 petits kilos. Il hérite de nombreux éléments de la GT3 tels que les freins, le train avant et les jantes, et peut recevoir un arceau ainsi que des sièges baquets. Avec un tel cahier des charges, la GT3 n’a plus que ses 90ch supplémentaires comme avantage, tandis que sa boîte robotisée PDK et son moteur placé en sac à dos sont d’éternels débats philosophiques. En théorie, elle aurait presque de quoi s’inquiéter pour son avenir. En réalité, le Cayman GT4 ne sera produit qu’à 2’000 exemplaires. Quand Porsche débride son Cayman, elle en bride la production : on ne touche pas à l’icône 911 dont le mythe a débuté il y a plus de 50 ans.

0-100km/h (s) : 4.4

Vmax (km/h) : 295

rapp. poids/puiss. (kg/ch) : 3.48

propulsion
6 cyl. 3.8L atmo
385 ch / 420 Nm
1’340 kg

A l’instar de la GT3, impossible pour lui de passer inaperçu, le Cayman GT4 affiche clairement ses ambitions de reine des circuits. Jantes de 20’ au design spécifique, aileron surdimensionné, cerclages de phares noirs, entre autres. A l’intérieur tout est possible en fonction des goûts de l’acheteur, la configuration de base restant très civilisée : pas de baquets, d’arceau, ni d’extincteur. Heureusement, l’habitacle que j’ai la chance d’avoir entre les mains est nettement moins triste : le pack clubsport comprenant l’arceau, le harnais 6 points et l’extincteur est bien là, tout comme les superbes baquets carbone issus de la 918 Spyder ! Ces éléments représentent un surplus salé de CHF 8’200.-, mais qui sont indispensables à mes yeux dans une telle auto. Le pack intérieur carbone (CHF 1’200.-) est également de la partie et colle parfaitement à la philosophie GT4. La finition, l’assemblage et le choix des matériaux sont conformes au reste de la gamme : exemplaires.

Afin de dompter ce reptile progressivement, j’emprunte quelques tronçons rectilignes. Sans même commencer à l’exploiter, je suis rapidement emballé par l’homogénéité du produit. La prise en main est immédiate, la position de conduite excellente et déjà le chant rauque du 3.8L flatte mon oreille même à bas régimes. Les baquets intégraux en carbone dont l’inclinaison du dossier est fixe confèrent un maintien optimal sans toutefois demeurer trop inconfortables. La commande de la boîte manuelle à 6 rapports, courte, ferme et précise, fait merveille au point d’en abuser. D’autant plus qu’elle est dotée de la fonction « Rev-Matching ». Dispensant son pilote de l’exercice du talon-pointe, cette fonction désactivable ajuste le régime moteur automatiquement lorsque l’on rétrograde, de manière similaire à ce qui est produit par les boîtes robotisées modernes.

Fini les routes du Gros de Vaud, et direction le col du Mollendruz. Un terrain de jeux qui lui semble d’emblée plus adapté, quoique… L’automne bat son plein mais l’hiver n’est pas loin et les cimes des sapins, saupoudrées des premières neiges, me le rappellent. Il faudra se montrer méfiant, car je n’ai pas envie que l’excellente relation entamée avec mon carrossier ne se transforme en cauchemar !

Segment après segment, le GT4 peut enfin commencer à démontrer son efficacité. Même sur les quelques portions humides parcourues avec prudence, les sensations sont là, amplifiées par les rugissements du flat 6 de 3.8L situé juste derrière mon dos. L’échappement commuté en mode Sport, chacune de ses envolées lyriques flirtant avec son rupteur placé à 7’800 trs/min m’envoie au paradis. Et quelle motricité ! Impossible de titiller les limites d’adhérence sur les longs enchaînements sous peine de me voir devenir l’ennemi public numéro 1 de la maréchaussée. Mais dès que ça tourne sec, je peux le chercher un peu plus et c’est bien là qu’il affiche toute son agilité. Sa direction très directe et communicative, son train avant ultra précis, son attaque de frein progressive mais au combien performante, sa réactivité immédiate aux gaz : il donne l’impression de pouvoir le placer où l’on veut comme on veut, et on se prend rapidement pour un pilote en herbe à son volant. Le tout demandant quand même un certain exercice puisque, contrairement à la grande tendance actuelle de ce segment, le GT4 se pilote à travers sa boîte manuelle à 6 rapports qui, malgré son développement un peu long, achève de me convaincre totalement du produit.

Forcément, en conduite soutenue, il est préférable de charger suffisamment le train avant lors des freinages pour augmenter le pouvoir directionnel avant de ré-accélérer franchement. Mais à ce sujet, le Cayman GT4 n’est pas un cas d’école : ne pas suivre cette règle ne va pas forcément se traduire par un sous-virage qui vous envoie dans la glissière. Pas particulièrement sous-vireur, il accepte volontiers de survirer progressivement sans même l’avoir cherché.

Si la différence de dureté du châssis est peu perceptible entre les deux modes proposés, le compromis de celui-ci est exceptionnel : ferme mais jamais inconfortable, le roulis reste minime et les mouvements de caisse aux freinages sont bien maitrisés. Du grand art.

L’avis de Sport-Auto.ch

A n’en pas douter, le Cayman GT4 est ce qui se fait de mieux parmi les rares sportives de ce niveau qui arborent encore une boîte manuelle. Trait d’union idéal entre la route et la piste, il séduit autant par l’homogénéité qu’il représente que par les sensations qu’il procure. Avec un prix démarrant à CHF 104’700.-, bien heureux sont ceux qui ont flairé l’affaire car les 2’000 exemplaires sont épuisés… Le voilà déjà collector ! Et même si, bardé d’options, notre véhicule d’essai frise les CHF 130’000.-, cela reste 40’000.- de moins que le ticket d’entrée pour s’offrir une 911 GT3, qui avec ses 90ch supplémentaires, sera plus performante sur circuit mais pas forcément plus exploitable sur la route.

bob[@]sport-auto.ch

Pour...
  • Prête pour la piste
  • Précision direction / train avant
  • Commande de boîte
  • Exclusivité
Contre...
  • Longueur des rapports sur route
  • Toutes vendues…

Merci à la Carrosserie Alpina pour le prêt de cette Porsche Cayman GT4.

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